Discutir:Foishenc (sosdialècte)

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Adieu Idali, cal saber arrestar dins la mesura de çò que sabèm. Se consideras que lo foissenc es la varietat del departament d'Arièja, cresi que t'enganas. Lo departament es copat, per çò que ne sabi, a la gròssa en tres bocins: un lengadocian a l'èst (çò que pensi se denomina "foissenc"), un de transicion amb Le Pòrt, Massat e puèi un airal qu'es de gascon oriental. Cal saber aver pro de donadas, ne far d'analisis e ne tirar de conclusions per poder establir/definir çò de que parlam; ieu per ara n'ai pas pro e pòdi pas èsser a revisar la soma colossala de causas que s'escrivon. Mercés d'ensajar de rectificar los darrièrs comentaris que tot i es forra-borra e es pas gaire clar... senon o farai quand aurai pro léser... Mèfi de marcar pas qué que siá. A lèu, amistats, Claudi/Capsot (d) 27 genièr de 2014 a 23.20 (UTC)[respon]

Elements de grammaire du dialecte de Foix, Paul Sicre[Modificar lo còdi]

AVANT-PROPOS

L'Ariège étant limitrophe de la Gascogne et du Languedoc, les dialectes qu'on y parle participent, suivant la région, du gascon ou du languedocien. C'est le gascon qui domine dans le Couserans, c'est-à-dire dans l'arrondissement de Saint-Girons ; dans ceux de Pamiers et de Foix, c'est un sous-dialecte languedocien (1) qui offre, du reste, de grandes analogies avec celui de Toulouse.

Toutefois, les règles et nomenclatures, qui font l'objet de la présente étude, s'appliquent plus spécialement au parler de la ville et du canton de Foix.

Nous nous proposons d'en exposer les particularités linguistiques et grammaticales, abstraction faite de toute considération historique ou philologique sur l'ensemble des langues romanes (2).

Nous n'avons pas, d'ailleurs, jugé à propos de rappeler, dans ces éléments, les principes généraux, les définitions ou autres détails de syntaxe qui relèvent de la grammaire proprement dite; nous nous référerons, à cet égard, aux méthodes classiques de grammaire française, dont la précision et la clarté sont au-dessus de tout éloge.

(1) M. Luchaire le classe parmi les dialectes languedociens ou occitaniens. Voir ses Etudes sur les idiomes pyrénéens (Paris, 1879).

(2) La langue d'Oc a été une des premières langues modernes dérivées du latin. Elle commença à prendre de la consistance, sons le nom de lengua proënsala, à la cour de Boson, roi d'Arles, vers 880, et brilla du plus vif éclat dans les oeuvres poétiques des troubadours, pendant les XIIe et XIIIe siècles.

ORTHOGRAPHE — PRONONCIATION — ACCENT

L'alphabet est le même qu'en français.

Plusieurs systèmes d'orthographe ont été successivement ou concurremment adoptés pour la transcription tant du provençal que des divers dialectes du Midi de la France.

Quelques auteurs ont le souci constant de l'étyrnologie ou de la tradition et ne reculent pas devant l'emploi de lettres exceptionnellement muettes ou déviées de leur prononciation habituelle.

De ce nombre sont les Félibres occitans ou néo-romans qui, sous l'impulsion de MM. Antonin Perbosc et Prosper Estieu, poursuivent l'épuration systématique de nos sous-dialectes languedociens, et, cherchant à enrayer l'action dissolvante des patois, s'efforcent vaillamment de continuer l'oeuvre littéraire des troubadours des XIIe et XIIIe siècles.

Ils écrivent notamment :

a (au lieu de o), terminaison féminine des noms, adjectifs, verbes : aiga, blanca, canta, cercavan;

o (au lieu de ou) : nos, urós, tot, flor, ora, color ;

ò accentué représente au besoin le son o : òli (huile), vòli (je veux) ;

r, d, n. finales étymologiques, aujourd'hui muettes, des infinitifs et des noms. Ex. : cantar, color, finir, entier, vin, pan, camin, nacion, ped, jorn;

v étymologique (au lieu de b), comme en espagnol et en catalan. Ex. : vin, venir, voli, vinha.

Certains même (voir le Dictionnaire provençal d'Honnorat) écrivent, par analogie avec le français : oubligear, mangear, herba, avec e, h, r muets.

D'autres, au contraire, au risque de défigurer les mots usuels, tendent principalement à la représentation phonétique du dialecte étudié : tels sont l'abbé de Sauvages (Dictionnaire languedocien, Nîmes, 1785) ; G. Visner (Sirven) dans son édition récente du Dicciounari moundi de Jean Doujat (Toulouse, 1895).

Les auteurs provençaux modernes ont, du reste, orienté dans ce sens leur système de graphie, consacré par Mistral dans son Trésor dou Félibrige ; on y trouve, par exemple : cuié, cuiller ; lio, lieu ; dre, droit ; bouié, bouvier ; talomen, tellement ; pau, peu ; voués, voix ; èr, air ; pas, paix ; di, dit ; briha, briller ; taio, taille ; fagué, il fit, etc...

On écrit, de même, en Béarnais : ray, frère (pour fray) ; bene, vendre ; ha, faire; libe, livre; let, haleine (pour halet) ; red, froid (pour fred).

Il convient, à vrai dire, de tenir compte orthographiquement, tout au moins dans une certaine mesure, des différences qui existent entre les prononciations des régions, même les plus voisines.

On ne saurait, en effet, transcrire d'une manière identique la phrase :

« Il ne faudrait pas que nous eussions mangé trop de pain... » qui se dit à Foix : « Caldrio pos qu'ajessem manjat trop de pâ... » et à Aurillac : « Courio pas qu'otchossion montchat trot de pô... »

Mais, si ces transcriptions phonétiques sont utiles pour constater les nuances qui séparent les divers dialectes ou patois, le rôle d'une grammaire proprement dite est plutôt de favoriser le groupement de ces dialectes, de ramener et de contenir, clans des limites certaines, les écarts individuels et les fantaisies locales, et de contribuer ainsi, par une épuration rationnelle, à la connaissance de notre harmonieuse langue d'Oc.

Sans entrer dans la discussion des mérites respectifs clés différent systèmes d'orthographe, nous estimons qu'il convient de donner, en principe, la préférence à celui qui sait tenir compte à la fois de la tradition, de la phonétique, de l'étymologie, ainsi que de l'évolution progressive des idiomes.

Au surplus, dans une étude ayant pour objet de constater l'état actuel du dialecte parlé à Foix, nous avons cru devoir indiquer, dans tous les cas, les formes usuelles et la prononciation locale.

Nous avons adopté, à cet effet, l'orthographe recommandée par M. Pasquier, le dévoué secrétaire de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, dans son édition du Tabléu de la Bido del Parfet Crestia (du P. Amilia), ainsi que dans les publications de l'Escolo Audenco, et dans l'intéressante édition de l'Almanac patouès de l'Ariejo par M. Gadrat, imprimeur à Foix.

Nous écrirons, par exemple : quand, quand ; quant, combien ; cant, chant; camp, champ; quatre, quatorze, cinquanlo ; cibado, avoine; cira, cirer ; jeta, jeter ; gemi, gémir ; — mais aussi : forso, force ; ome, homme; abé, avoir; so, ce; è, et; tren, train; certéno, certaine; prets, prix ; dets, dix ; prumiè, premier ; papiè, papier ; gragnè, grenier ; jamès, jamais ; rouje, roujo ; manja, manjec ; jutje, juge ; relotje, horloge ; doutze, douze; tretze, treize ; paure, pauvre; deure, devoir; biure, vivre ; dous sous, deux sous ; trahi, trahir ; sahuc, sureau ; coundiciu, pacient (et non counditiu, initient) ; naciu, nation ; mais natiu, natif; sept (sept) et sét (soif)

Prononciation du dialecte fuxéen

Règle générale. — Toutes les lettres se prononcent distinctement et conservent la prononciation qu'elles ont dans l'alphabet français. Les exceptions, signalées ci-après, proviennent :

1° De l'absence de signes alphabétiques spéciaux, destinés à la représentation soit du son vocalique ou, soit des articulations ch, gu, qu, gn, Ih, nh.

2° De l'adoucissement ou du renforcement des consonnes c, g, r, v, s.

3° De l'influence produite, sur les consonnes finales d'un mot, par la consonne initiale du mot suivant.

Il importe, dès lors, d'éviter dans l'écriture le redoublement de consonnes, qui ne se fait pas sentir dans la prononciation.

On écrira donc : orne et non homme ; belo et non bello ; jato, lato, flato, quito, bouno, marmoto, bestiolo, etc. Mais, en revanche : dinna, dîner ; facille, facile ; brulla, brûler ; redde, raide ; arresta, arrêter, où le redoublement est très sensible.

Voyelles

1° A se prononce comme dans Anna, parla, sale ; ce son se conserve même dans les diphtongues au, ai (prononcées âou, aï) ; il ne s'altère pas comme dans les mots français aile, peau, Saône, autre.

2° E est habituellement fermé comme dans léger, café; dans ce cas, il ne prend pas d'accent.

Ex. : tendrem, nous tiendrons ; bendras, tu viendras ; Moment, tellement ; peno, peine ; prenio, il prenait ; ple, plein ; res, rien ; tens, temps ; ensemble, ensemble ; maire, mère.

Sa prononciation est plus aigüe dans les syllabes toniques et, en général, dans les monosyllabes que dans les finales atones, comme dans paire, fraires, dire, poden, etc.

Cette voyelle a parfois un son ouvert, comme dans progrès, tête, sel :

Soit à la fin de certains mots : papiè, darrè, où elle remplace la terminaison romane ou française er ; elle est alors marquée d'un accent grave (1) ; Soit dans les mots : tè, tiens ; bè, va ; fè, faire ; pè, pied ; Soit quand elle est suivie de r ou l dans la même syllabe :

Ex. : perlo, perle ; terro, terre ; cel, ciel ; bel, beau ; Exceptionnellement, l'e est fermé dans pél, cheveu; pér, pour; dél, du ;

(1) Voir plus bas, p. 190. Soit dans les finales toniques, telles que abèm, nous avons; boulets, vous voulez ; cantèc, il chanta ; jamès, jamais.

E n'est jamais muet, comme dans eurent, fille, eau, geai, soie ; il ne saurait prendre la prononciation qu'il a dans les mots français : enfant, Rouen.

Il y aurait intérêt à distinguer, par l'accentuation, des prononciations différentes, telles que : pél, cheveu, de pèl, peau ; més, mois, de mes, mais ; pés, poids, de pès, pieds ; té, il tient, de tè, tiens ; bé, il vient, de bè, va (impératif).

3° I sonne toujours comme dans cilice, inouï, et non comme dans pain, dinde, gloire, dessein (voir ci-après au paragraphe des diphtongues). 

4° O comme dans poche, sol, mot, et non comme dans foi, paon, poêle.

    5° U se prononce comme dans nature et non comme dans parfum, rhum, beau, feu. Il est muet, comme en français, après les lettres q et g 

(guerro, que, qui).

U se prononce ou, quand il est précédé, dans le même mot, d'une autre voyelle avec laquelle il forme une diphtongue monosyllabique. Ex. : faure (prononcé fâouré) ; lèu (lèou); nòu (nôou); béu (béou); riu (rîou).

Exceptions : Dans plabiùt, plu; sapiùt, su; Marins,... cette voyelle garde le même son qu'en français.

6° Ou a aussi le même son qu'en français dans toujours; toutefois, lorsque la voyelle o est accentuée, ce groupe forme une diphtongue se prononçant ôou en une seule émission de voix.

Ex. : sòu, sou (prononcé sôou) ; nòu, nouveau (prononcé nôou).

7° Y est rarement usité dans l'orthographe moderne des patois ou dialectes : on écrit martir, mistèri, et non martyr, mystéri ; mais on emploie encore : y (pronom et adverbe) ; yè! ay! oy! (interjections).

Y joue entre deux voyelles le rôle de demi-consonne. Ex. : joyo, joie ; emplouya, employer.

La même remarque peut être faite à l'égard de ou qui, dans le mot ouèit, huit, est précédé d'une sorte d'aspiration, sensible dans l'expression

les oueit jouns, les huit jours ; prononcez lèy houèit jouns, et non lés oueit jouns.
Il en est ainsi en anglais où y et w sont des demi-consonnes. 

Diphtongues

Les groupes ai, éi, èi, oi, iu, au, eu, eu, io, te, ia, au, oui, ouè, iai, iau, ioi, iéu, iou, ouèi, etc., dans lesquels chaque voyelle conserve sa prononciation propre, forment de véritables diphtongues ou triphtongues, le plus souvent monosyllabiques. On indique, le cas échéant, l'accent de la voyelle prépondérante ; les autres éléments du groupe sont, à proprement parler, des demi-voyelles très brèves, sur lesquelles la voix ne s'arrête pas : ai, ei, oi, par exemple, se prononcent comme dans ail, veille (français), boy (anglais).

Ex. : paire, père ; bailet, valet; péich, poisson; nèit, nuit; rei, roi; grèich, graisse ; coire, cuire ; piuse, puce ; tiu, tien ; trauc, trou ; béu, il boit ; nèu, neige; pou, peur; nou, nouveau; bouida, vider; couire, cuivre; biaich, biais; siaud, silencieux; biou, boeuf; ouèit, huit (1).

Dans les diphtongues suivantes, l'accent est sur la deuxième voyelle de chaque groupe : animaciu, animation ; souer, soir ; biasso, besace ; piétat, pitié; piot, dindon; bielh, vieux; fuilo, fuite; ruino, ruine; sapiut, su; piano, piano; papiè, papier.

En raison de cette circonstance, la grammaire catalane les nomme croissantes, par opposition avec les précédentes : paire, neit, tiu, etc..., appelées décroissantes.

Ces groupes deviennent potysyllabiques dans certains mots, tels que pais, réussis, duo, trio, ancriè, pions, oubéï...

Exceptions. — 1° Par analogie avec le roman et le français, le groupe ai sert à figurer le son è (dialecte de Foix), à la première personne du singulier des futurs : cantarai, finirai, perdrai, ainsi qu'à l'indicatif présent du verbe abé, avoir, dont la première personne du singulier ai, se prononce è comme en espagnol; dans quelques régions de l'Ariège on prononce aussi èi (voir ci-après chapitre VIII).

2° Dans certains gallicismes devenus usuels, la diphtongue oi a retenu le son ouè qu'elle avait dans quelques dialectes de l'ancien français ; par exemple dans patois, bois, soir, soi, espoir, guingois, que l'on écrit aussi patoués, boues, souèr, etc. 

Nasales

Les nasales an, en, in, on, un, n'ont pas, en languedocien, la même articulation qu'en français ; les voyelles qui les forment y conservent, suivant la règle générale, leur son alphabétique ; on prononce toujours, dans ce cas, comme dans les mots : Anne, henné, inné, honni, une...

Toutefois, devant une consonne gutturale ou labiale, on retrouve la nasalisation française.

Ex. : loungo, longue ; fango, fange; un pais: un bel ome; oumbratje,vombrage; lampo, lampe; blanco, blanche; branla, branler.

(1) Voir, dans l'introduction, le passage relatif aux diphtongues et à la façon de les orthographier.

Consonnes

Les consonnes ont, en général, une articulation plus accentuée qu'en français.

1° C et g peuvent avoir, comme en français, un son doux ou dur, selon la lettre qui suit.

Ex. : céda, céder ; cira, cirer ; côs, corps ; carnabal, carnaval ; curbelh,vcrible ; ranc, boiteux ; crida, crier, gemi, gémir; girbo, gerbe; grand ; jouga, jouer; jôgui, je joue ; jouguec, il joua ; fargo, forge ; gusard, gueux.

N. B. — On doit éviter, autant que possible, l'emploi de c avec cédille ; cette lettre ne se trouve guère que dans les gallicismes : Ah çà !, deçà (1).

2° Le groupe ch, toujours chuintant comme en espagnol, se prononce presque comme tch dans caoutchouc.

Ex. : chabal, cheval ; pocho, poche ; chuca, sucer.

2 bis On constate, dans la prononciation de la consonne j, un durcissement analogue qui s'exprime, le cas échéant, par l'intercalation d'un t.

Ex. : jutje, juge ; froumatje, fromage; atje, âge ; relotje, horloge.

On écrit toutefois et on prononce : rouje, roujo, rouge ; saje, sajo, sage ; aje, ajo, qu'il ait.

3° Gn a toujours un son mouillé comme dans digne, ignorer.

Ex. : cargna, criailler ; ignoura, ignorer ; besegna, vendanger.

N. B. — Certains auteurs emploient dans ce cas le groupe nh, plus conforme à la tradition romane.

Ex. : vinha, vigne ; companhia, complanh.

1° D est quelquefois dur à la fin des mots ; il prend alors le son de t.

Ex. : quand un grand orne es partit; quand un grand homme est parti.

5° T est toujours dur comme dans amitié, moitié, patte. On doit écrire dès lors : pacient, oubligaciu, et non patient, oubligatiu.

L'orthographe permet ainsi de distinguer : actiu (actif) de acciu (action) ; atentiu (attentif) de atenciu (attention) ; natiu (natif) de naciu (nation).

Le t final des adverbes taloment, souloment, etc, encore sensible à Foix, tend à disparaître comme cela s'est produit en provençal.

(1) Voir plus bas, p. 185; les Provençaux font usage de la cédille.

6° H n'est aspiré que dans les patois gascon et béarnais où cette consonne remplace f.

Ex. : henno, femme ; haure, forgeron ; hilh, fils ; hount, fontaine.

Sauf ce cas, cette lettre, rarement employée seule, est alors muette comme en français; dans l'intérieur des mots, elle sert, au besoin, à séparer deux syllabes.

Ex. : trahi, trahir ; sahi, saindoux ; sahuc, sureau ; oh ! ah ! hep !

On ne l'exprime pas au commencement des mots, dans le dialecte fuxéen.

Ex. : ome, homme; à l'asart, au hasard ; ort, jardin ; abit, habit.

7° Lh a un son mouillé, comme ill en français, Il en espagnol, gl en italien.

Ainsi filho correspond à fille en français, et à figlia en italien ; — aurelho — oreille — oreglia —

On écrit palho, paille; molh, mouillé; gulho, aiguille; culhè, cuiller.

Par analogie avec le catalan, ce son mouillé se rencontre fréquemment, à la place de l simple, dans le parler des cantons de Lavelanet et de Quérigut, où l'on prononce alhà pour alà (là-bas) ; plhoura pour pleurer ; en catalan : lloc, lieu ; llop, loup ; lletra llatina, lettre latine.

8° R. Cette consonne a exceptionnellement une prononciation dure et redoublée à la fin de quelques monosyllabes, tels que fer (prononcé fèrr) ; car, chair; quèr, cuir.

Il en est de même au commencement des mots.

Ex. : rat, rire, rous.

9° V est habituellement remplacé par b dans la prononciation et dans l'écriture.

Ex. : béni, je viens ; bous, vous ; biure, vivre ; lebre, lièvre ; bi, vin, etc.

10° Q s'emploie comme en français, c'est-à-dire toujours suivi de u muet.

Ex. : quand, quant, qui, que; on écrit pourtant qun, quno (quel? quelle?) ; mais, par contre, aco et non aquo.

11° X se prononce comme en français, quand il est entre deux voyelles : exemple, Alexis.

X se change souvent en s, comme en espagnol, devant d'autres consonnes ; on dit esplica, estremo, esquis, esperienso, pour expliquer, extrême, exquis, etc, et de même escur pour obscur.

12° X, ce, es, se prononcent vulgairement ts ou tz ; ainsi exemple se lit etzemple ; brocs, brots ; accident, atsident ; un broc soulide, un brot soulide (1).

On retrouve cette même prononciation dans les mots absent, cops, sacs, caps, etc. Ces derniers mots s'écrivent dans le dialecte d'Agen : cots, sats, cats.

13° Z et k ne se trouvent que dans certains mots d'origine étrangère ; tels que kilo, kina, azur, zéro, zephir et dans les mots ounze, doutze, treize, quatorze, quinze, etc.

14° B, p et g se redoublent, seulement dans la prononciation, devant la consonne l.

Ex. : régla, aglo, noble, pople, prononcé rég-glâ, âg-glo, nôb-ble, pôp-ple.

15° Le groupe ph n'existe pas en languedocien ; il est remplacé par f. On écrit : Felip pour Philippe ; Filemon pour Philémon.

16° S est, suivant le cas, doux ou sifflant, et peut se redoubler comme en français.

Ex. : aisit, aisé ; roso, rose ; sabes, tu sais ; triste, triste ; sor, soeur ;segur, sûr ; pensa, penser ; pesa, peser ; grosso, grosse ; plasso, place ; rousso, rousse.

Entre deux voyelles, le double s remplace le c avec cédille : plassec, il plaça ; quand le c vient après une consonne, un seul s suffit : foursabo, il forçait ; abansam, nous avançons.

N. B. — Devant les mots qui commencent par une consonne autre que c dur, q, p, t, la lettre s se vocalise et prend le son mouillé de y ou i très bref, quand elle est elle-même précédée d'une voyelle.

Ex. : las terros negros, se lira : lass terrôy négross ; fas pos pla, fas mal, se lira : fass poss plâ, fày mal ; les pelses blancs, se lira : léss pelséy blants ; doits cents, se lira : dôuy cénntss.

Cette vocalisation existe aussi dans l'intérieur de certains mots où elle est, d'ailleurs, consacrée par l'orthographe actuelle : ainsi eichuga, eicheca, eifort, qui correspondent à essuyer, dessécher, effort (esfort) ; il en est de même dans ais, deis pour als, dels ; dans aibre pour arbre ; en italien, noi, voi, pour nos, vos (voir en outre, chapitre III).

(1) les mots français terminés en x et en s changent, dans le dialecte fuxéen, ces deux lettres en ts. On écrit pats, paix : prets, prix ; bouts, voix ; couts, croix, et non par, prex, boux, croux. De même cantats, vous chantez ; legissets, vous lisez ; bendiots, vous vendiez, et non cantatz, cantax, cantaz ou cantas, etc.

On dit pourtant nas, nez ; gas, gaz.


Observations générales. — Contrairement à ce qui a lieu en français, les consonnes finales sont rarement muettes.

Ex. : les pendents, les pendants, se prononcera léss pénn'dénn't's.

un rat è un pal de fer, se prononcera une rratt' è ûne pall' dé fêrr.

En outre, elles subissent souvent l'influence attractive de celles qui commencent le mot suivant.

Ex. : les pendents d'or, se prononcera léss pén'dén' d'or ;

bous, ets malaut, el es maichant, se prononcera bous èm' malâout,

él éy mâïchannt ; dounats-me pa, se prononcera dounam' me pâ ; pot pos ac dire, — pop' pôs ad' dîré ;

ab besio, ac ai feit, — ab' besiô, ag hè fèit ;

abets près l'aire, — abèp' préy l'aire ;

les dets cops, — léy dèc' cots ;

un cap nègre, — une can' nègre ;

un cop tarrible, — une cot' tarrible ;

trop de cops per élis — trod' dé cop' pér éliss.

C'est en vertu de ce principe que l'on dit, comme en italien : atte, bittimo, fattou, rittou, pour acte, victime, facteur, recteur.

Une déformation analogue s'observe, en arabe, dans la prononciation de l'article el : on écrit el din (la religion), et l'on prononce ed dîne.

Prosodie — Accent tonique

Les voyelles, et par suite les syllabes, de nos dialectes méridionaux peuvent être :

1° longues : pâlo, pelle ; bèlo, belle ; bîdo, vie ; môlo, meule ; cûgo, queue ;

2° brèves : fat, fat ; fret, froid ; finit, fini ; pot, lèvre ; seguda, suivre ;

3° muettes ou atones, c'est-à-dire très brèves, dans les finales e, es, o, os, etc, visées ci-après.

Ex. : pâire, père ; fénno, femme, etc...

D'autre part, l'accent tonique marque l'élévation ou la prolongation de la voix sur une certaine voyelle du mot.

Très sensible en languedocien, l'accent tonique est le plus souvent sur la dernière syllabe du mot.

Ex. : prenèm, nous prenoms ; canta, chanter ; raumas, rhume ; parlats, vous parlez,

Il est, à moins d'indication contraire, sur l'avant-dernière syllabe des mots terminés par -e, o, es, is, os, en, on, ets, ots...

Ex. : imatje, cerco, fenno, ténes, cantos, prénen, aimon, élis, toutis, cantèguets, aimabots, Mario, Lucio, etc...

Une diphtongue peut quelquefois être muette, c'est-à-dire atone.

    Ex. : cambio, il change ; joyo, joie ; cambies, que tu changes. 

Ces mots forment des rimes dites féminines.

De ce nombre sont exceptionnellement les mots : lîri, lys ; bîci, vice ; mântou, manteau; âpit, céleri; sântus, saint; lûci, myope (féminin : lûcio) ; et les premières personnes du singulier des indicatifs présents : préni, je prends ; béndi, je vends ; tourni, je reviens.

Dans cerco-le (cherche-le), l'accent est sur l'enclitique le.

Dans troubats-le (trouvez-le), il est sur bats (on prononce troubâl-lè).

Ici, comme en français et dans les autres langues néo - latines, le déplacement de l'accent tonique détermine parfois une altération des voyelles principales du mot (Principe de balancement des sons, formulé par Ampère et précisé par Gaston Paris) (1).

Ex. : ome, homme, devient oumenot, petit homme;

dòrmi, je dors, — dourmi, dormir ;

jôgui, je joue, — jougat, joué ;

pôdi, je peux, — poudé, pouvoir ; pòsque, puisse ;

bôli, je veux, — boulé, vouloir ; bòlgue, veuille ;

beire, voir, — besio, je voyais ; bist, vu ;

En espagnol : poder, pouvoir, — puedo, je puis ; pudieron, ils purent ; acertar, réussir, — acierto, je réussis ;

En italien : tenere, tenir, — tiene, il tient ; morire, mourir, — muore, il meurt ; odo, j'entends, — udiro, j'entendrai ;

En français : venir, venons, — viens, je vins, je viendrai ; prendre, — prenons, pris ; ciel, — céleste ; valoir, — je vaux, que je vaille, vouloir, — je veux, que je veuille, voulu ; pouvoir, — je peux, puisse, nous pûmes, pu.

Accentuation. — Sauf dans les traités de grammaire ou de lecture, l'emploi des signes d'accentuation (accents aigu, grave, circonflexe ;

(1) Un changement analogue se constate aussi en allemand et en anglais :

Ex. : erde, terre, fait irdisch, terrestre; saugen, sucer, fait sog, je suçai ; speak, parler, fait spoken, parle. 

Le tréma est restreint aux seuls cas douteux ou équivoques ; leur effet est alors le même qu'en français ; quelques auteurs n'en font même jamais usage.

D'une manière générale, l'accentuation sert à marquer tant la nature de la voyelle que la place de l'accent tonique (1).

Ex. : bési, je vois ; besi, voisin ; prénen, ils prennent ; prenèm, nous prenons ; ôli, huile ; nôbit, fiancé ; âpit, céleri ; patrio, patrie ; abio, il avait.

Élision. — De même qu'en français et en catalan, les voyelles finales peuvent être élidées soit dans l'écriture, soit surtout dans la prononciation.

Ex. : l'ome t'a troubat : l'homme t'a trouvé ; qui l' pourtarà : qui le portera ; m'an dit qu'abio tort : ils m'ont dit qu'il avait tort ; s'ac besio : s'il le voyait.

D'autre part : uno estelo ardento, se prononcera uno stélo 'rdénto; abio uno embejo, — abiù 'no 'mbéjo ;

y a uno fenno, — y a 'no fénno.

On dit et on écrit de même en catalan :?no m coneix : il ne me connaît pas ; me l posa ; me n dona : il m'en donne ; si s mor ara : s'il se meurt aujourd'hui.

Ces formes abrégées se retrouvent, d'ailleurs, dans la langue des troubadours. (Voir, à ce sujet, aux chapitres III et IV ci-après.)

Contraction, syncope, apocope. — Certaines expressions sont susceptibles de prendre, par contraction, syncope ou apocope, un aspect qui en défigure les éléments primitifs. (Voir, en outre, au chapitre VI : pronoms personnels, contractés ou élidés.)

Ex. : repumès, rien de plus, pour res pus mes ; calcarrès, quelque chose,— qualque rés ; praco, pour cela, — per acò ; encà, encore, — encaro ; pasque, parce que, — per so que ; pai è mai, père et mère, — paire è maire ;

(1) L'accent tonique n'est indiqué, dans les textes, que depuis la renaissance félibréenne, c'est-à-dire depuis cinquante ans environ; beaucoup d'auteurs n'ont pas adopté ce système et, pour ne pas confondre les marques de l'accentuation et les accents graves, aigus et autres, ils suppriment les accents toniques. Ce sont surtout les Provençaux qui font usage de cet accent

amic, amigo, mon ami, mon amie, pour (moun) amic, (moun) amigo ; sièto, gleiso, gulho, pour assiette, église, aiguille ; aqueste moun, ce monde-ci, pour aqueste mounde ; oungan, cadan, cette année-ci, chaque année, etc.

Ces formes, essentiellement familières, doivent être évitées dans lavlangue écrite ; il en est de même pour les gallicismes, tels que junome, plêti, siuplet (jeune homme, plaît-il, s'il vous plaît).

CHAPITRE II

FORMATION DES MOTS

Nous n'entrerons pas ici dans de longs détails au sujet de la formation des mots dans la langue d'oc.

Comme pour les autres langues romanes ou néo-latines, le principe général de dérivation est la persistance de l'accent tonique des mots latins. Sous l'action de diverses causes secondaires (suppression de la déclinaison et du genre neutre, introduction de l'article, des temps composés dans les voix active et passive, etc..) la langue devient analytique, les sons s'altèrent conformément à la loi du moindre effort; les consonnes se permutent ou s'adoucissent ; les mots s'allègent et la grammaire se simplifie.

Les permutations entre consonnes du même ordre, p, c ou q, t, et les douces correspondantes b, g, d, par exemple dans les mots loup, amic, cantat, qui deviennent au féminin loubo, amigo, cantado, ont, d'ailleurs, existé à l'origine de la langue d'oc, alors qu'elle modifiait à son profit les mots primitifs latins.

Ex. : verecundia, bergougno ; macer, magre ; aqua, aigo ; nudus, nut ; rapa, rabo ; lepus, lebre ; rota, rodo ; maturus, madur ; vita, bido ; vivus, biu; nepos, nebout, etc.

On consultera utilement, à cet égard, les traités spéciaux de Diez, Bartsch, Raynouard, Littré, Ampère, Fauriel, Roquefort, etc.

Au point de vue grammatical, les mots se forment, au surplus, d'après les mêmes procédés qu'en français :

Imitation ou onomatopée, composition et dérivation, tels sont les grands principes, qui permettent soit de créer de nouvelles expressions, soit de modifier l'idée primitive au moyen d'affixes (préfixes ou suffixes) susceptibles de nuancer et de caractériser les substantifs, adjectifs, verbes, adverbes, etc.

La terminaison féminine française e (noms, adjectifs, verbes) correspondant à la finale latine et languedocienne a, est habituellement exprimée, en dialecte de Foix, par o.

Ex. : latin, rosa; français, rose; dialecte fuxéen, roso ; — femina; — femme; — . fenno;

— canta ; — chante; — canto.

Cette altération de la voyelle latine a s'est produite en vertu de la loi précitée du moindre effort, au même titre que les changements :

de ai en è. Ex. : cantarai, pron. cantarè;

de è en é. Ex. : pèl (peau) ; pelat (pelé) ;

de i en é. Ex. : inimicus (ennemi) ; enemic ;

de au en o. Ex. : daurat (aurum), doré, or, trésor ; pausa, poser, du latin ponere ;

de o en ou. Ex. : flor, flou; color, coulou; rosa, rousiè;

du t final des participes en d au féminin. Ex. : cantat, fém. cantado ;

du p final en b au féminin. Ex. : loup, fém. loubo (français, louve) ;

du c final en g au féminin. Ex. : amic, magnac, fém. amigo, magnago;

de l, r, s en i. Ex. : als, dois, arbre, esfort, essuyer, deviennent ais, deis, aibre, eifort, eichuga.

C'est également pour faciliter la prononciation que l'on ajoute parfois une voyelle initiale dans les mots tels que statuo, statue. Ce même procédé existe dans les autres langues latines : escrime, écrire (du latin scribere); on dit, en italien : istatua (statue); lo studio (l'étude) et con istudio (avec étude).

Les désinences les plus caractéristiques sont :

1° Pour les noms substantifs :

aire, eire (1) : cantaire, chanteur; fargaire, forgeron; legeire, liseur, lecteur ;

ari : noutari, notaire ;

è : berge, berger ; darrè, dernier ; irangè, oranger (2) ;

ur : bounur, bonheur ; malur, malheur ; boulur, voleur ;

uro : macaduro, meurtrissure ; bielhuro, vieillesse, délabrement ;

ou : calou, chaleur ; agrou, aigreur ;

at : caritat, charité ; pietat, pitié ; bertat, vérité ;

(1) Les mots en aire dérivent des verbes de la première conjugaison; la terminaison cire s'applique aux dérivés des autres conjugaisons.

(2) Les mots en è de notre dialecte sont terminés en français par er. Quelquefois on écrit ces mots avec un r, ce qui en facilite la féminisation. Ex. : au lieu de berge (avec un è), on écrit berger, bergèro. L'r ne se prononçant pas, puisque le son est ouvert, il n'y a pas plus lieu d'employer cette lettre dans ces mots qu'à la fin des infinitifs. On écrit canta et non cantar.

ici. : exercici, exercice ; serbici, service ;

asiu, aciu, assiu : oucasiu, occasion ; animaciu, animation ; passiu, passion ;

èro : dansèro, envie de danser ;

éso, iso, enso : fadéso, fadaise ; maichantiso, méchanceté ; pacienso, patience, etc, etc. (Voir, en outre, chapitre IV.)

2° Pour les adjectifs :

A : crestia, chrétien ; È : tracassiè, prumiè ; UR : mentur ; ARI : boulountari, volontaire; AL : final; AT : délicat; ANT : arrougant, alegant ; ENT : pacient, pudent, doutent; ous : ergnous ; ABLE : aissable, aimable ; IBLE : tarrible ; IU : natiu, natif ; ARD : babard, bavard.

3° Pour les adverbes de manière :

MENT, comme en français, que l'on ajoute à la forme féminine de l'adjectif.

Ex. : Moment, tellement ; grandoment; grandement.

Quelquefois le l final est supprimé : talomen (1).

N. B. — Certains mots présentent des formes quelque peu dénaturées : transposition de voyelles ou de consonnes, syncope, apocope, etc.

Ex. : chèvre, forme régulière cabro ; forme usuelle, crabo ;

acheter, — comprar; — croumpa ;

semaine, — setmana ; — semmano ;

chambre, — camara, cambra; forme usuelle, crambo; 

aider se dit également ajuda et aduja ; aiguiser — asuga et agusa ;

suivre — siègue, segui et seguda ;

trouble (adj.)— treboul ;

vêpres — brespos (au lieu de vespras) ;

renifler — refla ; 
pitié — pietat. 

Par contre, un changement de voyelle peut indiquer des acceptions différentes.

Ex. : sor, soeur, devient sur, religieuse; fraire, frère, — frèro, religieux ; cor, coeur, — cur, le coeur (au jeu de cartes) ;

élégant, élégant, devient alegant, hargneux, désagréable ; gra, grain (de blé), devient gru, grain (de raisin).

On peut aussi former facilement des verbes à l'aide d'affixes variés, tels que a, des, en, eja, re, sup, sus, de...

(1) Voir Amilia, Tableu de la Bido del parfet Crestia et plus haut, p. 180.

Ex. : adousilha, percer un tonneau ; asounti, faire honte ; desparla, parler de travers ; foronisa, sortir du nid ; endebina, deviner ; s'abéusa, devenir veuf ; supourta, supporter ; estrefè, faire quelque chose ; enrenga, mettre en rang ; derenga, déranger ;

Ex. : foulheja, faire des folies ;

bestieja, dire des bêtises ;

brasseja, faire de grands gestes avec les bras ;

poutouneja, embrasser souvent;

quequeja, bégayer (de quèc, bègue) ;

suspesa, soupeser ;

rebira, retourner ;

roudalha, rôder, rôdailler.

On obtient, en outre, de nombreux mots composés par la juxtaposition de deux parties du discours (noms, verbes, adverbes, prépositions) formant, le cas échéant, des surnoms ou sobriquets. Ex.: coltorse, tordre le cou; Ex. : à gratipaudos, à quatre pattes; en lengomanja, déchirer à belles dents, dire du mal de... ;

gatosiaud, hypocrite (comme les chats) ;

paubal, qui vaut peu, vaurien ;

paroplèjo, parapluie ;

(parlant des enfants) ; bramofam, affamé ; tripo-negro, boudin ; miejoneit, minuit ; patobas, de petite taille, bas sur pattes.


CHAPITRE III : DE L'ARTICLE

Nous donnons ci-après le détail des diverses formes de l'article défini et indéfini.

Article défini

MASCULIN

SINGULIER PLURIEL

le nas, le nez. les nases, les nez.

del nas, du nez. des (dels) nases.

al nas, au nez. as (als) —

pel nas, pour le nez pés (pels) —

chel nas, chez le nez. chès (chels) —

sul nas, sur le nez sas (suis) —

èl nas, et le nez. es (èls) —

joul nas, sons le nez. jous (jouls) —

FÉMININ

SINGULIER PLURIEL

la terro, la terre, las terros, les terres.

de la — de las — 
à la — à las — 

per la — per las —

chez la — ches las —

sur la — sur las — 
è la — è las — 
jous la — jous las — 

L'article se place, en général, devant les noms (substantifs ou adjectifs), les verbes et autres mots employés substantivement.

Ex. : le gat è la gato, le chat et la chatte ; les doulentis è las maichantos, les rusés et les méchantes ; le béure è le manja, le boire et le manger ; le trop è le pauc, le trop et le peu; un res l'espanto, un rien l'épouvante.

Les noms propres eux-mêmes prennent familièrement l'article, surtout dans le canton de Lavelanet, à Toulouse et dans la Gascogne.

Ex. : Le Jan è la Mario, Jean et Marie. 

L'article défini le, la, les, las, sert aussi à exprimer le pronom démonstratif celui, celle, ceux, celles : les de Toulouso, ceux de Toulouse, etc. (Voir, ci après, chapitre V.)

Article contracté. — Il est à remarquer (voir le tableau ci-dessus) que l'article masculin se contracte, comme en français et en espagnol, aux cas obliques, c'est-à-dire quand il est précédé d'une préposition.

Ex. : del, du ; al, au ; sul, pel, chel, etc.

Article élidé. — Devant les mots commençant par une voyelle, l'article est susceptible d'élision au singulier ; en outre, au pluriel masculin des cas obliques, il prend une prononciation mouillée qui n'exclut pas l'articulation de s final. On dira, par exemple, ais omes, aux hommes (1).

MASCULIN

SINGULIER PLURIEL

l'ome, l'homme. les omes, les hommes.

de l'ome, de l'homme. des (deis) (dels) omes

à l'ome, à — as (ais) (als) —

per l'ome, pour — pes (peis) (pels) —

sur l'ome, sur — sus (suis) (suls) — 

è l'ome, et — es (èis) (els) —

FÉMININ

SINGULIER PLURIEL

l'aigo, l'eau. las aigos, les eaux.

de l'aigo, de l'eau de las —

à l'aigo — à las —

per l'aigo — per las —

sur l'aigo — sur las —

à l'aigo — à las —

L'élision de l'article (ou du pronom personnel le) masculin peut se produire aussi, au singulier ou au pluriel, devant un mot commençantpar une consonne, à la condition que l'article soit immédiatement précédé lui-même d'une voyelle.

(1) Vocalisation spéciale des liquides l, r, que l'on retrouve en italien piano, piacere, du latin plano, placere ; et en espagnol rubia (rouge), du latin rubra (Voir le chapitre Ier, page 185.)

13

Ex. : entendi 'l cant, j'entends le chant ; au singulier : aimabo 'l gat, il aimait le chat ;

la péno 'l rousègo, la peine le ronge ; et an pluriel : me lèpi 's pots, je me lèche les lèvres ;

pourta 's papiès, porter les papiers ;

paro 's dits, il tend les doigts ;

toutis' autris, tous les autres.

Mais on dira sans élision :

entendras le cant, tu entendras le chant ;

aimabon le gat, ils aimaient le chat ;

las penos le rousègon, les peines le rongent.

Ces élisions s'observent surtout dans la prononciation ; on ne les écrit guère que dans le style familier.

Article indéfini

Singulier : masc, un (prononcé comme le mot français une); fém., uno.

Pluriel : masc, unis ; fém., unos.

EX. : un gat, un chat ; d'un gat, d'un chat ; à un gat ; per un gat, etc ; fém. : uno gato, une chatte; d'uno gato; à uno gato; per uno gato, etc.

N. B. — U initial peut être élidé, du moins dans la prononciation.

Ex. : y abio 'n gat, y abib 'no gato, il y avait un chat, une chatte ; y abio 'n gous, il y avait un chien ; y abio 'nos gens, il y avait des gens,

A remarquer l'emploi assez répandu de l'article féminin la dans l'expression masculine la un, l'un, que l'on rencontre, d'ailleurs, dans la langue des troubadours (XIIe et XIIIe siècles) et aussi dans les chartes d'affaires.

Ex. : la un y diguec, l'un lui dit. 

Le pluriel de l'article indéfini, qui n'existe pas en principe, en français, est employé en dialecte, notamment lorsque le nom est affecté d'un qualificatif.

On dira, par ex. : omes, des hommes ; fennos, des femmes ; gousses è gatos, des chiens et des chattes ; pelses de fennos, des cheveux de femmes ; et unis bèlis omes, de beaux hommes ; unos poulidos fennos, de jolies femmes ; m'a fèit unos bounos coundicius, il m'a fait de bonnes conditions.

On trouve aussi la forme du pluriel dans les expressions : les unis, las unos, qualques-unis. (Voir chapitre VI : pronoms indéfinis.)

Les articles du, de la, des (de), pris dans un sens indéterminé et partitif, ne se rendent pas dans le dialecte de Foix.

Ex. : donne-moi du pain, de la viande, douno-me pa, biando; je ne ne veux pas de vin, boli pos bi; il sème des haricots, semeno mounjos.

Le patois toulousain rend uniformément ces articles par la préposition de.

Ex. : tu as de la mie, je veux des croûtes, as de mico, jou boli de croustos ; c'est du vin doux, aco' s de bi dous.

Mais on dira, tant à Foix qu'à Toulouse, dans un sens déterminé : douno-me del pa (ou d'aquel pa) qu'as croumpat, donne-moi du pain (ou de ce pain) que tu as acheté.

CHAPITRE IV

    NOM OU SUBSTANTIF (1) 
    Nous avons déjà parlé, dans le chapitre III, de la formation des 

noms et des terminaisons les plus usitées.

    Genre 
    Le genre dés noms est, sauf quelques exceptions, le même qu'en 

français.

    Ex. : le soulelh, le soleil ; la luno, la lune ; la flou, la fleur ; la léi 

la loi ; la sel, la soif ; le miralh, le miroir ;. l'aigo, l'eau ; le bi, le vin ; le paire, le père ; la maire, la mère ; l'ort, ie jardin ; la taulo, la table.

    Exceptions. — Un afè, une affaire ; un armari, une armoire ; uno 

chifro, un chiffre ; le cremalh, la crémaillère ; un culhè, une cuillère ; un deute, une dette ; un enclutje, une enclume ; uno escauto, un écheveau

la ou le fret, le froid ; le fum, la fumée ; le grèich, la graisse; un

imatje, une image ; un irange, une orange ; là lèbre, le lièvre ; la lèit, le lait ; le lum, la lumière ; la met, le miel; uno mensourgo, un mensonge; le mousoulh, la moelle; ôli dous, de l'huile douce; un ou uno penche, un peigne ; la pousou, le poison ; un pressée, une pêche (fruit) ;

    (1) En l'absence de toute flexion pour indiquer les divers rapports ou compléments 

grammaticaux, nous n'avons pas cru devoir faire allusion aux cas ni aux déclinaisons.


    — 275 — 
    un relotje, une horloge ; la sal, le sel ; le ou la sang, le sang ; la 

seguel, le seigle ; la som, le sommeil ; un teule, une tuile ; las unglos, les ongles, etc...

    Nous n'entrerons pas dans des détails au sujet de la formation du 

féminin dans les noms ; nous nous contentons de mentionner les types principaux.

    Dans la plupart des cas, le féminin est caractérisé par la terminaison 

non accentuée o, forme altérée du languedocien a et qui correspond à la finale e du béarnais et du français.

    Ex. : gato, chatte, de gat, chat; loubo, louve, de loup, loup; neboudo, 

nièce, de nebout, neveu; reino, reine, de rei, roi; cabalho, jument, de chabal, cheval; princesso, princesse, de prince, prince; besino, voisine, de besi, voisin; nobio, nouvelle mariée, de nobi (1) (masc.) ; et, en général, fenno, femme ; galino, poule ; uno pesso, une pièce.

    Exceptions. — Fount, fontaine ; maire, mère ; pel, peau ; sal, sel ; 

cendre, cendre; nouse, noix; ma, main; nèu, neige; paret, paroi, etc (féminins non terminés en o).

    La désinence primitive affectée au féminin était, comme en latin, la 

voyelle a qui persiste, même chez nous, dans les mots la, ma, ta, sa.

    Dans le Bas-Languedoc, le Limousin, le Dauphiné, le Roussillon, le 

Quérigut, on écrit et prononce a ; dans la Gascogne, la Provence, le Haut-Languedoc et la majeure partie de l'Ariège, c'est le son o qui domine; dans le Béarn, la finale féminine est e, comme en français.

    La terminaison o atone est parfois affectée à des noms masculins, tels 

que : camarado, camarade ; poëto, poète ; sistémo, système ; mêmo, même : un gardo, un garde.

    Par contre, notre dialecte fait, dans certains mots, la distinction des 

genres, en modifiant les désinences équivoques du singulier.

    Ex. : service (m.), vice (m.) se diront serbici, bici; 
    tandis que : justice (f.), bâtisse (f.) se disent justisso, baslisso. 
    N. B. — On trouve, en languedocien et dans le dialecte de Foix, des 

traces de la forme neutre, caractérisée, comme en grec moderne, par la voyelle finale ô accentuée, notamment dans les pronoms : acô, cela; assô, ceci; sô, ce.

    Quelques autres mots ont les deux genres et, dans ce cas, la forme 

féminine indique une sorte d'augmentatif ou un sens différent.

    (1) On prononce, mais à tort, nôbit et de même âpit (céleri) ; l'orthographe régulière 

est nobi, api.


    — 276 — 
    Ex. : un sac, un sac, fém. uno saco, un gros sac, une balle; 
    un culhè, une cuiller, — uno culhèro, une grande cuillère ; 
    un sou, un sou, — uno sôbo, une pièce de deux sous ; 
    un coucou, un gâteau, — uno coco, un gros gâteau (grosse brioche) ; 
    un ort, un jardin, — uno orto, des jardins en général ; 
    un tambour, un tambour, — uno tambouro, une grosse caisse; 
    un paniè, un panier, — uno panièro, un gros mannequin ; 
    le frut, le fruit, — la fruto, du fruit en général ; 
    un prat, un pré, — la prado, les prairies en général ; 
    un souc, un billot, — uno souco, une grosse souche ; 
    un gourg, un trou d'eau, — uno gourgo, un gouffre étendu 
    un gouffre, (mare, lac) ; 
    un margue, un manche, — uno margo, une manche (de vêtement) ; 
    le sang, le sang, — la sanquéto, le sang des volailles 
    frit, prêt à être mangé. 
    Une semblable latitude existait, d'ailleurs, dans la langue des troubadours, 

pour des mots tels que : joy, joya (joie); fuelh, fuelha (feuille) ; ser, sera (soir), etc.

    (Voir, au surplus, pour la formation du féminin, au chapitre V, de 
    l'ADJECTIF.) 
    Nombre 
    Contrairement aux procédés constatés par la grammaire française, la" 

règle de formation du pluriel ne comporte aucune exception.

    Règle. — Le pluriel est marqué par l'addition de s ou es au singulier. 
    Es.: ome, homme, pl. omes; 

paire, père, — paires;

    joun, jour, — jouns ; 
    ma, main, — mas ; 
    journal, journal,— journals; 
    Ex.: fenno, femme, pl. fennos ; 
    maire, mère, — maires; ' 
    nèit, nuit, — neits ; 
    pè, pied, — pès ; 
    riu, ruisseau, — rius. 
    Prennent la terminaison es les noms terminés par s, ch ou st. 
    Ex. : bers, vers (poésie), pl. berses ; 
    peich, poisson, — peiches ; 
    test, tesson, — testes ; 
    prets, prix, — pretses ; 
    bras, bras, — brasses (ici s final se redouble) ; 
    os, os, noyau, — osses — 
    debas, un bas, — debasses 
    mes, mois, — méses (prononcez mézes) ; 
    nas, nez, — nases ( — nazes) ; 
    pés, poids, — pèses ( — pézes). 


    — 277 — 
    N. B. — Pél, cheveu, fait au pluriel pelses, des cheveux ; 

sou, sou, — souses, des sous ;

    fiel, fil, — fièlses, des fils. 
    C'est une forme particulière de double pluriel. 
    Augmentatifs et Diminutifs 
    On peut, à l'exemple de l'espagnol et de l'italien, développer ou 

restreindre l'idée représentée par les noms ; la nouvelle forme qu'ils prennent déplace l'accent tonique et détermine parfois de légères altérations vocaliques dans le mot primitif. En outre, la terminaison caractéristique emprunte, suivant le cas, le secours d'une consonne euphonique et souvent étymologique, pour se joindre à ce primitif.

    Les augmentatifs, explétifs ou péjoratifs, s'obtiennent à l'aide de la 

terminaison as, féminin asso, et parfois atas, arras.

    Ex. : ome, homme ; oumenas, gros homme (n étymologique) ; 

pè, pied ; pènas, gros pied (n euphonique) ; ausel, oiseau ; auselas, gros oiseau ; fenno, femme ; fennasso, grosse femme ;

    courbas, corbeau ; courbatas, gros corbeau 

loup, loup ; loubarras, gros loup

    véritables doubles 

augmentatifs.

    Les diminutifs se forment au moyen des désinences : ot (fém. oto), 

et (fém. éto), ou, èl, ilh,

    Ex. : ome, homme, dim. oumenot, oumenilh (n étymologique); 
    ma, main, — manoto, manéto (n — 
    ange, ange, — angel, angelou (l — 
    flou, fleur, — flouréto (r — 
    moussu, monsieur, — moussuret, moussurot (r — 
    poutou, baiser, — poutounet (n — 
    pè, pied, — unpenot, p. les penous (neuphon.) (1) ; 
    ase, âne, — asirou (r — 
    porto, porte, — pourtanel (n — 
    caddet, cadet, — caddetou, fém. caddetouno ; 
    oustal, maison, — oustalet, oustalot ; 
    dit, doigt, — didou, didot ; 
    broc, bâton, — broucot, brouquilh ; 
    (1) Ce n euphonique se retrouve le verbe penatcha (piétiner, fouler aux pieds) et dans 

la prononciation niçoise pen, pied.


    — 278 — 
    fenno, femme, dim. fennoto (et même fennou au masc.) (1); 
    droite, drôle, enfant, — droullot, fém. droulloto ; 

ausel, oiseau, — auselou (2).

    On trouve, comme en italien, des doubles diminutifs, tels que gatounet, 

un tout petit chat ; brouquilhou, une brindille de bois...

    Les terminaisons al, ado, adis, it, ut, um, am, alho, ard, urlo, 

agno, arlut, èro, indiquent aussi une modification particulière de l'idée primitive.

    Ex. : pugn, poing ; un fugnat, uno pugnado, une poignée ; 
    padeno, poêle ; une padenado de patanos, une poêle pleine de 
    pommes de terre ; 
    bentre, ventre ; un bentrat, un plein ventre ; 

barreja, mêler ; un barrejadis, un mélange, un méli-mélo ; parla, parler ; parladis, façon de parler ; troupo, troupe ; troupel, un troupeau ; uno troupelado, un grand

    troupeau ; 

pot, lèvre ; poutarlut, qui a de grosses lèvres ; pauc, peu ; paucum, le peu, les privations, la,misère ; salso, sauce ; salsum, mauvaise sauce ; poste, une planche ; poustam, du bois en planches, du bois de

    sciage ; 

greich, graisse ; greichum, mauvais graillon ; la dansèro, la reguinnèro, l'envie démesurée de danser, de folâtrer

    (de sautiller) ; 

ferratalho, vieille ferraille ; guzard, espèce de gueux ; sourdagno, sourd comme un pot ; fadurlo, vieille vaniteuse.

    Les noms propres eux-mêmes sont susceptibles de prendre la forme 

diminutive.

    Ex. : Mario, Marioun, Marietous, Marineto, Pol, Poulou, Pauleto, 

Batistou, Tistou, Jan, Janet, Janot, Janou, Janéto, Janetoun, Janouno.

    On peut rattacher à cette catégorie les appellations familières, telles 

que : papa, papa'; mama, maman; tata, tante (on dit aussi toutoun) ; ounclou, oncle; pepi, parrain; menino, marraine, etc..

    En languedocien, comme en français, les verbes, les adjectifs et les 

adverbes peuvent jouer grammaticalement le rôle de noms communs ;

    (1) Le diminutif fennou est aussi très usité ; qun fennou ! dira-t-on d'une petite fille 

qui, par son vêlement ou ses manières, prend des airs de femme. Ce mot est du genre masculin et conserve l'accent sur la dernière syllabe.

    (2) Les diminutifs et, ot, ou, ont le même sens : galet, galot; gatou. 


    — 279 — 
    ils prennent alors, le cas échéant, les articles ou autres déterminatifs, 

et conservent la forme du singulier.

    Ex. : le heure è le manja : le boire et le manger ; 
    le maichant sira punit : le méchant sera puni ; 
    les fortis è las bounos : les forts et les bonnes ; 
    le trop è le (èl) pauc : le trop et le peu ; 
    m'embaranos ambe toun repoutega : tu m'obsèdes avec tes plaintes 
    (ton ronchonner) ; 

un res l'espanto : un rien l'épouvante.

    CHAPITRE V 
    ADJECTIF 
    L'adjectif suit les mêmes règles d'accord et de position qu'en français. 
    Genre 
    Le féminin se forme, comme pour les noms, au moyen de la terminaison 

semi-muette o, qui ne déplace pas l'accent tonique du mot.

    Ex. : prudent, prudent, fém. prudento , redoun, rond, fém. redouno ; 

luci, myope, — lucio ; blu, bleu, — blûo;

    noble, noble, — noblo ; estreit, étroit, — estreito. 
    Exceptions. — Quelques adjectifs, tels que : joube, jeune ; mêmo, 

même; quatriemo, quatrième, etc, gardent la même forme pour les deux genres.

    Le féminin peut entraîner dans la finale du masculin : 
    1° Un adoucissement : 
    ardit, hardi, fém. ardido ; 

pelut, velu, — peludo ;

    fat, fat, — fado ; 
    amic, ami, — amigo ; 
    urous, heureux, — urouso ; 

près, pris, — preso ;

    2° Un renforcement : 
    doits, doux, fém. dousso ; 

gras, gras, — grasso ;

    espauruc, peureux, fém. espaurugo; 

bauch, fou, — baujo ;

    talat, regrettable, — talado ; 

embriac, ivrogne, — embriago ; gris, gris, — griso;

    gus, gueux, — guso. 
    gros, gros, fém. grosso; 

espés, épais, — espesso.


    — 250 — 
    Il fait parfois reparaître une consonne finale que l'usage avait éliminée 
    Ex. : fi, fin, fém. fino ; 
    laugè, léger, — laugèro ; 

biu, vif — bîbo ;

    bou, bon, — bouno ; 
    Ex. : besi,. voisin, fém. besino ; 

prumiè, premier.— prumièro; nôu, nouveau, — nôbo ; plé, plein, — pléno.

    Nombre 
    Le pluriel des adjectifs et des pronoms est caractérisé par l'une des 

terminaisons s ou is pour le masculin et os pour le féminin.

    Ex. : coulou bibo, couleur vive, plur. coulous bibos ; 
    pot rouje, lèvre rouge, — pots roujes ; 
    figuro roujo, figure rouge, — figuros roujos : 
    caichal doulent, dent mauvaise, — caichals doulents ou doulentis 
    caichals ; 

tout, tout, fém. touto, plur. masc. toutis, fém. toutos; autre, autre, — autro, — autris, — autros ;

    tal, tel — talo, — talis, — talos. 
    La désinence is est surtout employée pour les pronoms, tels que talis, 

toutis, autris, les nostris, élis... et pour certains adjectifs terminés au singulier par une ou plusieurs consonnes dures.

    Ex. : franc, pl. franquis ; fort, pl. fortis ; bauch, pl. baujis ; fresc, 

pl. fresquis.

    Pour les participes, on dit euphoniquement aimats, cantats, boulguts, 

finits..., mais aussi bistis (vus), feitis (faits), etc.

    Comme on l'a fait remarquer pour le genre, les consonnes finales.sont 

aussi sujettes à des modifications.

    Ex. : blanc, banc, pl. m. blancs ou blanquis, pl. f. blancos; 

ranc, boiteux, — rancs — ranquis, — rancos; bauch, fou, — baujis, — baujos ;

    amic, ami, — amics, — amigos. 
    Les règles précédentes, relatives au genre et au nombre, sont applicables 

également aux PARTICIPES.


    — 281 — 
    Augmentatifs et Diminutifs 
    On peut former, pour les adjectifs comme pour les noms et à l'aide 

des mêmes désinences, des augmentatifs et des diminutifs, (Voir au chapitre précédent).

    Exemples : 

maichant, méchant; augment., maichantas; dimin., maichantot; fort, fort ; — fourtas ; — fourtot ;

    poulit, joli ; — poulidas; — poulidet, poulidou; 
    joube, jeune ; augment., joubenas; dimin., joubenot; 

petit, petit ; — petitas ; — petitou, petitot, petitounet.

    Cette dernière forme (petitounet) est, à proprement parler, un double 

diminutif.

    A remarquer, en outre, les diminutifs, tels que : un tantinet, quicoumet 

(un tout petit peu de quelque chose) ; doussomentou, doussetoment (tout doucement).

    (Voir ci-après, au chapitre IX.) 
    Degrés de signification 
    Comparatif. — Le comparatif s'obtient au moyen de l'un des adverbes 
pus (ou pu) (1) ; mes, signifiant : plus ou davantage ; autant,

auta, tant, ta, autant, tant, aussi, si ; mens, moins.

    Que se rend par que (pron. que) dans tous les cas. 
    N. B. — Pus, auta, ta, ne s'emploient habituellement que devant 

des adjectifs ou des adverbes ; mes, autant, tant, se placent devant des adjectifs ou des noms.

    Ex. : es pus ardit que jou : il est plus hardi que moi ; 
    èm pus fortis que doulents : nous sommes plus forts que rusés ; 
    êro mes escoutat que l'autre : il était plus écouté que l'autre ; 
    abio mes de forso que tu : j'avais plus de force que toi ; 
    soun mens ounestis qu'el : ils sont moins honnêtes que lui ; 
    as autant d'argent que jou : tu as autant d'argent que moi ; 
    sira auta (ou ta) brabe que pacient : il sera aussi bon que patient; 
    béu tant de bi que n'es malaut : il boit tant de vin qu'il en est malade; 
    la mandroto es ta fino : le renard est si rusé ; 
    es bengudo pulèu que tu : elle est venue plus tôt que toi ; 
    tournaras auta (ou ta) lèu que jou : tu reviendras aussitôt que moi. 
    (1) Dans le mot pus, s final ne se prononce que devant une voyelle ; la forme pu se 

trouve dans le composé pulèu, plus tôt.


    — 282 — 
    Superlatif. — On emploie, pour le superlatif, les adverbes pla, forso, 

belcop, qui signifient : très, bien, fort, beaucoup, ou encore le pus (le pu), le mes, le méns (le plus, le moins).

    Ex. : Marinéto es pla fado : Marinette est très orgueilleuse (coquette) ; 

es la pus (ou la mens) doulento de toutos : elle est la plus (ou la

    moins) rusée de toutes ; 

le pus ergnous de la terro : le plus hargneux de la terre ; le pus maichant de toutis : le plus méchant de tous ; es de belcop le pus fort : il est de beaucoup le plus fort ; es el qu'a emplouyat le mes de téns : c'est qui a employé le plus

    de temps. 
    Les seules anomalies, communes à la plupart des langues, sont : 
    milhou, meilleur, f. milhouno ; pl. milhounis (milhous), f. milhounos ; 

piri, pire, pl. piris, pour les deux genres ; mendre, moindre, pl. mendres.

    Adjectifs ou Pronoms démonstratifs 
    1° Celui, celle, ceux, celles, se traduisent par l'article : le, la, les, las. 
    Ex.. : Celui de demain vaut bien ceux d'hier : le de douma bal pla 

les de dasiè ; Celle de Foix aime celles de Pamiers : la de Fouix aimo las de Pamios.

    2° Celui-ci : aquesle, f. aquesto ; pl. m. aquestis, f. aquestos ; 
    aceste (aiceste), f. acesto ; pl. m. acesfis, f. acestos. 
    3° Celui là : aquél, f. aquélo ; pl. m. aquélis, f. aquélos. 
    4° Celui-là (plus éloigné) : aquel d'aqui ou aquel d'alà. 
    5° Ceci : assô (aissô) ; cela : acô (formes neutres). 
    Ex. : aqueste libre bal milhou qu'aquel d'aqui. : ce livre-ci vaut mieux 

que celui-là ; que bos fè d'assô ? : que veux-tu faire de ceci ? que bol dire acô ? : que veut dire cela ? acô rait : cela importe peu ! c'est facile ! acô 's acô : c'est cela ; y ac dirai an aquel orne : je le lui dirai à cet homme.

    N. B. — Par raison d'euphonie, on dit an aquel, an aquélis (au lieu 

de à aquel, etc).


    — 283 — 
    Adjectifs possessifs 
    MASCULIN 
    1re pers. moun, pl. mous, mes ; 
    2e — toun, — tous, tes ; 
    3e — soun, — sous, ses ; 
    1re — nostre, — nostris, nostres ; 
    2e — bostra, — bostris, bostres ; 
    3e — lour, — lours. 
    FEMININ 
    1re pers. ma, pl. mas ; 

2e — ta, — tas ;

    3e — sa, — sas ; 
    1re — nostro, — nostros ; 

2e — bostro, — bostros ; 3e — louro, — louros.

    De même qu'en français, on se sert, par euphonie, des trois premières 

formes du singulier masculin devant des noms féminins commençant par une voyelle.

    Ex. : moun amigo, mon amie ; soun amo, son âme ; 
    toun umou, ton humeur ; soun istorio, son histoire. 
    Signalons, par contre, une forme familière abrégée (de moun en 

mou).

    Ex. : mou filh, mon fils ; mou cher, mon cher ; per mou fé ! par ma foi ! 
    On emploie fréquemment les pronoms possessifs à la place des adjectifs 

proprement dits. Ainsi l'on dira indifféremment :

    sa sor, sa soeur, ou la siu sor (la sienne soeur) ; 

nostro maire, notre mère, ou la nostro maire.

    Aussi croyons-nous devoir, dès à présent, en donner la liste. 
    Pronoms ou Adjectifs possessifs 
    MASCULIN 
    s. miu ou le miu, pl. les mius ou les 

mibis ;

    s. tiu ou le tiu, pl. les tius ou les 

tibis ;

    s. siu ou le siu, pl. les sius ou les 

sibis ;

    s. nostre ou le nostre, pl. les nostres 

ou les nostris :

    s. bostre ou le bostre, pl. les bostres 

ou les bostris ;

    s. lour ou le lour, pl. les lours ou 

les louris.

    FEMININ 
    s. la miu, la miuno, la mibo, la 

mienne, pl. las mius, las mibos ;

    s. la tiu, la tiuno, la tibo, pl. las 

tius, las tibos ;

    s. la siu, la siuno, la sibo, pl. las 

sius, las sibos ;

    s. la nostro, pl. las nostros; 
    s. la bostro, pl. las bostros ; 
    s. la louro, pl. las louros. 
    Les formes miuno, mibo, mibis, mibos, tiuno, etc, sont peu usitées 

dans le dialecte fuxéen.


    — 284 — 
    On trouve encore ici la forme neutre : so miu, so tiu,so siu, ce qui est 

à moi, à toi, à lui, etc.

    Ex. : gardo te so tiu : garde ce qui est à toi ; 
    jou ai pires so miu : moi j'ai pris mon bien ; 

à cadun so siu : à chacun le sien.

    N. B. — Les adjectifs leur, leurs se traduisent vulgairement par soun, 

sa, sous (ses), sas et les pronoms le leur, la leur, les leurs, par le ou la siu; les ou las sius,

    Ex. : troubèguen sous droites è sas fennos : ils trouvèrent leurs enfants 

et leurs femmes ; élis cercaran les sius : quant à eux, ils chercheront les leurs.

    CHAPITRE VI 
    PRONOM 
    Pronoms personnels 
    1re pers. : sing. (des deux genres) : jou, je, moi; de jou, à jou, per 
    jou, etc ; 

plur. masc. : nous aus ou nous autris, nous (nous autres) ;

    de nous aus, à nous aus, etc ; 

plur. fém. : nous autros, nous autres ; de nous autros, à nous

    autros, etc. 

Comparez la forme espagnole : nosotros, f. nosotras.

    2° pers. : sing. : (des deux genres) : tu, tu, toi ; de tu, à tu, per tu, etc ; 

plur. masc. : bous aus ou bous autris, vous (vous autres) ; de

    bous aus, etc; 

plur. fém. : bous autros, vous autres ; de bous autros, etc. (Cf. la forme espagnole : vosotros, vosotras.)

    Forme polie des deux genres : bous, vous (monsieur, madame) 
de bous, à bous, per bous, etc.
    N. B. — Le verbe, qui accompagne cette forme de politesse, 

se met, comme en français, au pluriel ; mais l'attribut reste au singulier.

    Ex. : merci, moussu, èts pla ouneste, bous : merci, monsieur, 

vous êtes bien honnête.


    — 285 — 
    3e pers. : sing. masc. : él, lui, il ; d'él, de lui ; à él, à lui, etc ; 

sing. fém. : èlo, elle ; d'élo, d'elle ; à élo, à elle, etc ; plur. masc. : élis, eux, ils ; d'élis, d'eux ; à élis, à eux, etc ; plur. fém. : élos, elles ; d'élos, d'elles ; à élos, à elles, etc.

    N. B. — D'él (d'élo), pronom de la 3e personne, s'écrit avec une 

apostrophe, tandis que l'article del (du) n'en prend, pas.

    A l'exemple du latin (voir ci-après au chapitre du VERBE), le languedocien 

exprime rarement les pronoms sujets.

    Ex. : tournaras quand sirem partits : tu reviendras quand nous serons 

partis ; ount anats, bous aus? : où allez-vous, vous autres ? ount anats, bous ? voudrait dire: où allez-vous, monsieur? (sing.)

    d'ount benets, moussu ? — d'où venez-vous, monsieur? 
    jou béni de la bilo, — moi, je viens de la ville. 
    Pronoms personnels compléments 
    Ce sont les pronoms me, te, se, le, la, lo, les, las, los, nous, bous, se, 

y (li), qui, comme leurs analogues en français, servent exclusivement de compléments aux verbes actifs, neutres ou réfléchis.

    Ces formes se placent toujours devant le verbe, sauf quand elles sont 

employées avec un impératif ; elles ne sont jamais régies par des prépositions.

    On dira, par exemple : per jou, pour moi, et non per me ; 

ambe tu, avec toi, et non ambe te.

    Dans : per te beire (pour te voir), te est complément de beire et non 

de per.

    Ex. : me cercabon : ils me cherchaient ; 

nous an dit : ils nous ont dit ; dits-me, te crési : dis-moi ; je te crois ; gardo te pla d'y tourna : garde-toi bien d'y revenir ; bous aimo : il vous aime ; les cerqui : je les cherche (eux) ;

    las cerco : il les cherche ; cerco-los : cherche-les (fém.) ; 

las troubarem lèu : nous les trouverons bientôt (elles) ; bous repentirets : vous vous repentirez ; le bési é la beiras : je le vois et tu la verras ; se disen que s'aimon pla : ils se disent qu'ils s'aiment bien ; li (y) an dit de s'atura : ils leur ont dit de s'arrêter.


    — 286 — 
    La voyelle finale des formes du singulier peut être élidée devant une 

autre voyelle.

    Ex. : t'ajudi : je t'aide ; m'aimos : tu m'aimes ; 
    t'an bist : ils t'ont vu ; l'esperam : nous l'espérons ; 

l'as plourado : tu l'as pleurée.

    L'élision a lieu parfois, comme en catalan, devant certaines consonnes, 

mais dans le cas seulement où ces pronoms ne sont pas en tête de la proposition et où le mot qui les précède est lui-même terminé par une voyelle ; c'est, à proprement parler, une contraction susceptible d'influencer les seuls pronoms me, te, se, le et parfois le pluriel les ; elle n'est admise que dans la conversation et le style familier.

    (Voir, à ce sujet, chapitre Ier : ÉLISION et chapitre III : DE L'ARTICLE 

ÉLIDÉ.)

    Mel (me le) dounec, il me le donna ; mais on dira : me la dounec, il 

me la donna ;

    Sel (se le) béses, si tu le vois ; mais on dira : se la béses, si tu la vois ; 
    Tel (te le) balhègui, je te le donnai ; mais on dira : te la balhec, il te 

la donna ;

    Ses (se les) troubats, si vous les trouvez ; mais on dira : se las troubats 

(au féminin) ;

    Pos ensaja del (de le) dissuada : tu peux essayer de le dissuader ; 
    Ses (se se) trobon pla, tournaran : s'ils se trouvent bien, ils reviendront; 
    Sem (se me) portos un sôu : si tu me portes un sou ; 
    Set (se te) decidos, m'ac diras : si tu te décides, tu me le diras ; 
    Noul (nou le) boiras pos mes : tu ne le verras plus. 
    Ces formes élidées, usitées dans la langue romane des troubadours, 

ont été signalées par Raynouard, sous le nom d'affixes pronominaux.

    N. B. — Les dialectes béarnais et gascon, notamment dans le SaintGironnais, 

élident aussi l'e final de me, te, se, le, et contractent ces pronoms avec le mot qui précède.

    Ex. : quet diguèri : je t'ai dit ; 
    quem trobi soul : je me trouve seul ; 

ques troubec mal : il se trouva mal.

    Lui, leur (à lui, à elle, à eux, à elles), compléments indirects, se rendent 

par y, qui remplace à tort la forme régulière li, pour les deux genres et nombres.

    Ainsi y dira (li dira) signifie,: il lui ou leur dira (à lui, à elle, à 

eux, à elles).


    — 287 — 
    Pour mieux marquer le pluriel, on emploie, par pléonasme, lours y, 

et vulgairement lous y ou yous y (ici s est euphonique).

    Ex. : je leur ai enseigné : lours y ai ensegnat; 

il leur semblait : yous (lous) y semblabo.

    Cette forme de pluriel, attribuée au PRONOM leur, existe, du reste, 

dans le dialecte romanche du Tyrol, où lur fait au pluriel lurs.

    Lorsque ce pronom (lui, leur) suit un verbe à l'impératif, on le fait 

souvent précéder d'une consonne euphonique, comme en français.

    Ex. : dis-lui, dits-y ou dits-gy ; touches-y, tocos-y ; 

réponds-lui, respound-gy ou respounds-y ; de même : allons-y, aném-gy ; mais on dira : bè-y pour vas-y, et parfois même loco-y.

    Cette forme se retrouve dans la fière devise des comtes de Foix : 

« Toco-y se gausos ! », Touches-y, si tu oses.

    On dit, par analogie : demando-g'oc (demande-le) ; fè-g'oc (fais-le) avec 

un g euphonique.

    En, pronom ou adverbe, se rend par n'en, en, ne ou n (vulg. gn devant 

i ou y); il peut se contracter, comme en gascon, avec les pronoms ou particules qui le précèdent.

    Ex. : n'en boli ; j'en veux ; ne prenes : tu en prends ; n'ai : j'en ai ; 

n'y aura trop (ou gn'y aura trop) : il y en aura trop ; n'as pos cap : tu n'en a pas du tout ; noun dounarets : vous nous en donnerez ; qu'en disèts ? : qu'en dites-vous ? noun besi pos un : je n'en vois pas un seul ;

    douno gnin (lin), gnin (lin) dounec : donne-lui en, il lui en donna; 

m'en bau, tu t'en tournos : je m'en vais, tu t'en reviens ; n'en béni, s'en tirée : j'en viens, il s'en tira ;

    noun anam, boun tirarets : nous nous en allons, vous vous en 

tirerez.

    Y (pronom ou adverbe) se traduit toujours par y. 
    Ex. : y pensi (j'y pense) ; y bau (j'y vais). 
    Pronom réfléchi 
    Le pronom réfléchi, soi, n'existe pas, à proprement parler, dans le 

dialecte fuxéen ; on se sert, le cas échéant, de la forme française soi, que l'on prononce tantôt comme en français, dans l'expression soimémo (soi-même) et plus régulièrement si mateich, tantôt souè (ancien


    — 288 — 
    français) dans cadun per soi (chacun pour soi), qui se dit aussi cadun 

per et.

    Sous la forme se (complément de verbes), on l'exprime par se, s'. 
    Ex. : se batiôn al loc de s'aima : ils se battaient au lieu de s'aimer. 
    Ces divers pronoms peuvent se grouper et donner lieu à des combinaisons 

particulières, dans lesquelles il est souvent difficile de reconnaître les formes primitives, altérées ou élidées suivant leur position relative.

    On remarquera notamment les transformations du pronom, régime 

neutre, acô, qui devient, tout au moins dans le langage usuel, ac, ab, ag, ad, at, ap, am, ot, oc, selon la consonne initiale du mot qui le suit.

    L'orthographe régulière est, dans tous les cas, de ou oc, et ne doit 

pas être subordonnée à la prononciation.

    (Voir au chapitre Ier.) 
    Ex. : Ex. : 
    li ac (y ad) dirai : je le lui dirai ; ac (ab) beiras pos : tu ne le verras pas; 
    li ac (y ag) ai dit : je le lui ai dit ; m'ac (am) manjégui : je le mangeai ; 
    ac (at) ténes : tu le tiens ; n'y (gn'y) a très : il y en a trois ; 
    dits-me oc (dim' moc) : dis-le moi ; s'ac (ap) prefèros : si tu le préfères ; 
    douno-li oc (y oc) : donne-le lui ; t'ac counsélhi : je te le conseille ; 
    gardo-t'oc : garde-le (toi) ; fè-g'oc coire : fais-le cuire ; 
    ac caliô : il le fallait ; manjo-t'oc : mange-le (toi) ; 
    m'ac (ad) diguec : il me l'a dit ; dits-li oc (diggioc) : dis-le lui ; 
    ac (ab) bôli : je le veux ; demando-g'oc (vulg. demando-got). 
    N. B. — Ajoutons que l'affaiblissement de oc en ac ne doit se trouver 

que devant le verbe ; après le verbe, on écrit et prononce oc.

    Ex. : AC manjec : il le mangea, et manjo-t'oc : mange-le. 

La même flexion s'observe pour le pronom féminin la, las.

    Ex. : LA pren : il la prend ; LAS tourno : il les rend ; 

prend-LO : prends-la; tourno-LOS : rends-les.

    Sous cette dernière forme lo, los, ce pronom peut être rapproché de 

élo, élos (elle, elles).

    On rend aussi par ac, oc, ce pronom le (neutre) dans les cas où il 

signifie cela; mais quand il représente une personne, il se traduit toujours par le ou l.


    — 289 — 
    Ex. : ac beiras pos, signifie : tu ne le verras pas (cela) ; 
    mais : le beiras pos ou nou 'l beiras pos, signifie : tu ne le verras 

pas (lui).

    Dans, d'autres sous-dialectes de la langue d'oc et notamment dans 

le canton de Lavelanet, ce pronom-régime neutre s'exprime par ba.

    Ex. : y ba diras : tu le lui diras ; y ba diguec : il le lui dit ; 

te ba counselhi : je te le conseille, etc.

    Dans l'Agenais, on emploie zou; c'est ainsi que le poète Jasmin a pu 

dire :

    « O ma lengo mairalo, tout me sou dit, 

Plantarèi uno estelo à toun froun encrumit ! »

    Pronoms relatifs 
    Les pronoms relatifs ou conjonctifs sont : 
    qui (vulg. tchi), qui; que, que ou qui (des deux genres et deux nombres); 

lequal, laqualo, lequel, laquelle ; plur. lesqualis, plur. fém. lasqualos ; dount, dont, dont ; on dit aussi delqual, de qui, de que (et parfois, mais

    à tort, que) 

le que, celui qui ou celui que ; fém. la que ; del que, de la que; al que,

    à la que, etc ; plur. les que, ceux qui ou ceux que ; fém. Ids que, 
    celles qui ; 

so que, ce qui ou ce que ; el que, lui qui ou lui que; fém. élo que ; plur. élis que ; fém. élos que.

    Exemples : 

qui veut peut : qui bol pot bu le que bol pot ; cette chose est à qui la prendra : aquelo causo es de qui (del que) la

    prendra ; 

qui langue a, à Rome va : qui lengo a, à Roumo ba ; l'homme à qui (ou pour qui) j'écris : l'ome à qui (ou per qui) escribi ; je sais qui vous voulez dire : sabi qui boulets dire ; avec élision : celui que tu as vu : le qu'as bist ;

    — celui qui a fait cela : le qu'a fèit acô ; 
    l'homme qui vint et que je rencontrai : l'ome que benguec è que troubègui; 

la femme qui tomba et que je vis : la fenno que toumbec è que bejègui ; le chapeau de celui qui se promène : le capel del que se passéjo ; ce dont je te parle : so de que te parti (vulg. so que te parti) ; c'est lui qui le sait : acô 's el qu'ac sap ; c'est pour celui qui viendra : es pél que bendrà ; c'est elle qui viendra cette nuit : es élo que bendrà anèit ; c'est lui qui veut sortir : es el que bol sourti ;

    19 


    — 290 — 
    fais ce que je t'ai dit : fè so que t'ai dit ; 
    c'est à toi qu'on a dit de revenir : acô 's tu que t'an dit de tourna ; 
    la clef dont j'avais besoin : la clau dount abiô besougn ; 
    le vieux dont tu vis le fils 
    le bielh dount bejègues le filh ; 

le bielh del qual bejègues le filh ; le bielh que bejègues soun filh ;

    Tournure fautive à éviter : le QUE te parli : celui dont je te parle. 
    Il est à remarquer qu'en languedocien, comme en provençal, les 

pronoms relatifs à qui, dont, de qui, sont le plus souvent rendus par le seul mot que suivi des pronoms possessifs ou personnels que comporte le sens de la phrase.

    Ex. : tu que ta maire t'a dit de tourna : toi à qui ta mère a dit de revenir; 

celui dont on a marié la fille : aquel QU'an maridat SA filho. c'est une fille à qui personne ne ferait de la peine : es uno filho que

    digus y fariô péno ; 

toi dont les parents étaient si bons : tu qu'es tius parents èron ta brabes.

    Ainsi l'on peut dire que le pronom qui se traduit le plus souvent par 

que ; toutefois on le rend par qui lorsqu'il est en tête d'une phrase, ou lorsqu'il est immédiatement précédé d'une préposition sans intercalation d'un antécédent (nom ou pronom).

    Ex. : qui parlo : celui qui parle ; per qui, de qui, à qui ; mais on 

dira : le que : celui qui ; l'ome que parla : l'homme qui parle. Pronoms interrogatifs

    Qui? (vulg. tchi) s'emploie, comme en français, pour tous les genres 

et les nombres.

    Ex. : qui veut venir ? qui bol béni? 
    qui allons-nous y trouver ? qui y anam trouba ? 
    qui est cette femme ? qui es aquélo fenno ? 
    qui sont ces garçons ? qui soun aquélis droites ? 
    Que? quoi ? se rendent par que? invariable. 
    Ex. : que dites-vous ? que disets ? 
    en quoi est cet outil ? en que (ou de que) es aquel utis ? 
    Quel? se traduit par quin (1), qun (vulg. tchun), quai (cal). Ex. : 

quel homme ? qun orne ?

    Quelle? quino, quno (tchuno), qualo (calo). Ex. : à quelle fille? à 

quno filho ? à qualo filho ?

    Quels? quinis, qunis (tchunis), qualis (calis). Ex. : de quels pieds? 

de quinis pès ? de qualis pès ?

    Quelles? quinos, qunos (tchunos), qualos (calos). Ex. : pour quelles 

femmes ? per qunos fennos ? per qualos fennos ?

    Pronoms démonstratifs 
    Voir au chapitre précédent : ADJECTIFS DÉMONSTRATIFS. 
    (1) On doit écrire quin sans apostrophe, en raison de sa dérivation du latin qui (quineus, 

bas lat.).


    — 338 — 
    Pronoms indéfinis (1) 
    1° Un, une : un, uno. 
    Ex. : c'est un (homme) de Foix : es un de Fouix ; 

c'est une de moins ; es. uno de mens.

    L'un, l'une, les uns, les unes, se disent l'un (la un), l'uno (la uno); 

plur. les unis (vulg. les us), las unos; parfois d'unis, d'unos.

    Ex. : d'unis parlabon, d'autris bebiôn : les uns parlaient, d'autres 

buvaient. Voir chapitre III : ARTICLE INDÉFINI.

    2° Quelqu'un, qualqus (calcus) s'emploie seul et seulement au masculin 

singulier.

    Ex. : il y a quelqu'un : y a qualqus ; 
    quelqu'un est venu : a bengut qualqus, qualqus es bengut ; à 

remarquer le changement du verbe auxiliaire, selon la position.

    La forme qualqun (calcun), quelqu'un, suppose un complément ou 

un antécédent : fém. qualquno (calcund) ; plur. qualques-unis (calcunis); fém. qualques-unos (calcunos).

    Ex. : quelqu'un de vous : qualqun de bous dus ; 
    quelqu'une de ces femmes : qualquno d'aquélos fennos ; 
    y en a-t-il quelqu'une ? n'y a qualquno ? 
    il en est venu quelques-unes : n'a bengut qualques-unos. 
    3° Personne, digus (invariable), qui comporte la négation nou ou 

pos, suivant la position de cette négation.

    Ex. : je ne vois personne : bési pos digus ; 
    personne ne viendra : bendra pos digus ou digus nou bendra ; 

personne n'en veut : digus noun bol.

    4° Quelque, quoique, plur. qualques pour les deux genres et, dans 

certains cas, per tant, per ta... que. Au pluriel, il se traduit par unis, unos, dans les expressions :

    unis bint ans : quelque vingt ans (une vingtaine d'années) ; 

unos dèts ouros : quelque dix heures (une dizaine d'heures).

    On trouve aussi decunis cops, quelques fois ; decunos gens, quelques 

gens.

    Pour rendre l'expression « quel que », on emploie qual que en deux 

mots, dont le premier seul est variable, comme en français : fém. qualo que; plur. qualis que, qualos que.

    (1) Pour en et y, voir plus haut pp. 286-287. 


    — 339 — 
    Ex. : quelqu'argent que tu aies : per tant d'argent que ajes ; 

quel que soit le besoin : quai que siô le besougn ; quelqu'aimable qu'il soit : per tant aimable que siô ; quelle que soit la mère : qualo que siô la maire ; quelque loin qu'il soit : per ta legn que siô.

    5° Quoi que, qui que, se rendent par que que, qui que, ou par per tant 

que, per mes que.

    Ex. : quoi qui se passe : que que siô que se passe ; 
    quoi que vous fassiez : per tant (per mès) que fasquets ; 

il est meilleur que qui que ce soit : es milhou que qui siô ; quoi qu'il arrivât : qu'es qu'arribèsso.

    6° Quelque chose, quicom ou qualquarés (calcarés) invariable. 
    Ex. : quelque chose de plus : quicom (qualquarés) mès; 

diminutif : quicomet.

    7° Aucun, cap (pour les choses ou les personnes) et digus ou nul, 

fém. nulo (pour les personnes).

    On emploie aussi pas. (1) un, fém. pas uno (les formes degun ou 

negun ne s'ont plus usitées).

    Ex. : je n'en ai aucun : n'ai pos (A) cap ; 
    aucune de ces femmes : pas uno (ou cap) d'aquélos fennos ; 
    je n'en ai pas du tout : n'ai pos brico ; 
    aucun de ces enfants : pas un ou cap d'aquélis droites ; 
    aucun autre, personne autre : digus mes ; 
    aucune de ces choses : cap d'aquélos causos. 
    8° Rien, res ou re, qui s'emploie, comme digus, avec la négation. 
    Ex. : il n'y a rien : y a pos res ; re pu mes, rien de plus ; 

rien ne lui réussit : res nou y réüssis.

    9° Quelque part, endacom ; on prononce aussi endacons. 
    Ex. : il est allé quelque part : es anat endacom. 
    10° Ailleurs, endacom mès. 
    Ex. : irez-vous ailleurs ? aniréts endacom mès ? 
    11° Nulle part, en loc. 
    Ex. : je ne l'ai vu nulle part : l'ai pos bist en loc ; 
    il ne se trouve nulle part ailleurs : se trobo pos en loc mès. 
    (1) Voir ci-après, au chapitre IX, la distinction entre les formes pas et pos. 


    — 340 — 
    12° Autre, autre, fém. autro, plur. autris, fém, autros. 
    Ex. : l'autre jour : l'autre joun; l'autre semaine : l'autro semmano; 

les uns et les autres ; les unis è les autris ;

    13° Même, mémo, plur. mêmos (pour les deux genres) ; on dit aussi : 

matéich (invariable).

    Ex. : je viendrai moi-même : bendrai jou mêmo (matéich) ; 

ce sont eux-mêmes : soun élis mêmos (mateich) ; les mêmes femmes : las mêmos fennos ; c'est la même chose : es la mêmo causo, ou es so matéich, ou es

    so mêmo et quelquefois es so mêmes ; 

c'est cela même : es acô mêmo.

    14° Plusieurs, plusiurs ; forso (invariable). (Voir ci-après, 22°, maint). 
    Ex. : plusieurs filles vinrent : plusiurs (forso) filhos benguèguen. 
    15° Certain, certèn, certèno ; plur. certènis, certènos. 
    Ex. : certain jour : certèn joun ; certaines gens, certènos gens ou 

decunos gens ; certains hommes : certènis ornes ; certaine femme : certèno fenno.

    16° Chacun, cadun, fém. caduno ; plur. cadunis, cadunos. 

On entend quelquefois cada un et cada ü suivant la prononciation gasconne. (Cf. la forme la un, pour l'un, mentionnée au § 1°.)

    Ex. : à chacun le sien : à cadun so siu ; 
    chacune de ces chattes : caduno d'aquélos gatos. 
    17° Chaque, cado (invariable comme l'espagnol cada). 
    Ex. : chaque jour, chaque nuit : cado joun, cado nèit. 
    18° Tel, tal ; fém. talo ; plur. talis, talos. 
    Ex. : tel père, telle fille ; tal paire, talo filho. 
    On emploie quelquefois concurremment le mot atal (ainsi) devant un 

verbe.

    Ex. : tel soit l'homme : tal (ou atal) siô l'ome ; 

un tel, une telle, se disent un tal, uno talo.

    19° Tout, tout; fém. touto; plur. toutis, toutosr 

Ce pronom sert aussi à traduire mot quiconque.

    Ex. : quiconque sortira ; tout orne que sourtira ou le que (aquel que) 

sourtira.

    20° On, on. Ex. : on dit, on parlait : on dits, on parlabo. 


    — 341 — 
    On se traduit aussi par se ; on dit : se dits (il se dit), ou par la 3e personne 

du pluriel du verbe.

    Ex. : disen : on dit; disiôn ; on disait, ils disaient; divan : on dira. 
    21° Tant, si nombreux, tant ou tantis ; fém. tantos. 
    Ex. : tantos n'y a d'aquélos fennos que... : il y en a tant de ces 

femmes qui... ; y abio tant de mounde : il y avait tant de monde.

    22° Maint, mant ou mantun ; fém. manto, mantuno ; plur. mantis, 

mantos, mantunos ; on emploie aussi mes d'un, mes d'uno, plus d'un, plus d'une.

    Ex. : maintes fois : mantis cops ; 
    mainte femme : mantuno fenno ou mès d'uno fenno. 
    23° Trop (trop nombreux), tropis ; fém. tropos ; trop. 
    Ex. : ils étaient trop nombreux : èron tropis ; 

elles sont trop nombreuses : soun tropos.

    24° Combien (combien nombreux), quantis, quantos, quant. 
    Ex. : combien étiez-vous ? quantis èrots ? 
    combien en voyez-vous (de femmes) ? quantos ne besèts ? 

combien de filles vinrent : quantos filhos benguèguen.

    25° Peu nombreux, pauquis ; fém. paucos ; gaires ; fém. gairos. 
    Ex. : peu nombreuses étaient les filles : paucos èron las filhos. 
    N. B. — Si l'on emploie les adverbes trop, quant, tant, pauc, gaire, 

etc, au lieu des pronoms susvisés, la préposition de reparaît devant les noms comme en français.

    Ex. : trop, pauc, tant, etc, de filhos ou d'omes. 
    CHAPITRE VII 
    NOMS DE NOMBRE 
    La formation des noms de nombre ne comporte aucune règle partiticulière 
on en trouve l'énumération dans tous les vocabulaires.
    — Il est à remarquer qu'à l'exemple de un, fém. uno, le mot dous, 

deux, prend au féminin une forme distincte : dôs (pour dous), se prononçant par ô long.

    Ex. : deux hommes : dous ornes ; deux femmes : dôs fennos. 
    - Les autres nombres cardinaux restent invariables. 


    — 342— 
    — Quant aux nombres ordinaux, ils suivent les règles générales, 

relatives à la formation du féminin et du pluriel,

    Ex. : quatrième, f. quatrièmo; pl. m. quatrièmes, pl. f. quatrièmos. 
    Mais il est d'usage, dans le dialecte fuxéen, de prononcer uniformément 

pour les deux genres, à partir de troisième, la syllabe finale par o. On dit : quatrièmo, quatrièmos, pour le masculin et le féminin.

    Liste des principaux noms de nombre 
    NOMBRES CARDINAUX 
    1 un (prononcez une), fém: uno. 
    2 dous (ou dus), fém. dos. 
    3 tres. 
    4 quatre. 
    5 cinq. 
    6 sièis. 
    7 sèt. 
    8 ouèit. 
    9 nau. 
    10 dèts. 
    11 ounze. 
    12 doutze. 
    13 treize. 
    14 quatorze. 
    15 quinze. 
    16 setze (sèdze). 
    17 dets è sèt (pron. dèzesèt). 
    18 dets è ouèit. 

19 dets è naw.

    20 bint. 
    21 bint è un (vulg. binto' ün (1). 
    22 bint è dous (binto-dous). 
    23 bint è tres (binto-tres). 
    30 trento. 
    31 trento-un. 
    40 quaranto (vulg. cranto). 
    41 quaranto-un. 

50 cinquanto.

    60 sieissanto (pron. soissanto). 
    70 septanto (pron. setanto). 
    80 quatre-bints (ouèitanto). 
    90 nonanto ou quatre-bint-dets. 

100 cent. 103 cent tres. 200 dous cents. 300 tres cents. 158 cent cinquanto-ouèit. 504 cinq cent quatre.

    NOMBRES ORDINAUX 
    1er prumiè, fém. prumèiro, 
    2e segound, fém. segoundo. 
    3e tresiemo (tresieme). 
    4e quatriemo (quatrieme). 
    5e cinquiemo. 
    6e sièisiemo. 
    7e septiemo. 
    8e ouèitiemo. 
    9e naubiemo. 

10e detsiemo. 11e ounziemo. 12e doutziemo. 13e tretziemo. 14e quatorziemo. 15e quinziemo. 16e setziemo. 17e dets è septiemo. 18e dets è ouèitiemo. 19e dets è naubiemo. 20e bintiemo. 21e bint e uniemo. 22e bint è dousiemo. 23e bint è tresiemo. 30e trentiemo (trentième) 31e trento-uniemo. 40e quarantiemo.

    205e dous cent cinquiemo. 
    1.000 mile. 
    1.000e miliemo. 
    1.903 dets e nau cent tres. 
    4.600 quatre milo sieis cents. 
    100.309 cent nilo tres cent nau. 
    1.000.000 un milioun. 
    un millier, un miliè. 
    des milliers, familièrem. milanto. 
    (1) La prononciation fautive binto-un, binto-dous, etc, s'explique par l'influence des 

dizaines suivantes trento, quaranto, etc, pour lesquelles il est régulier de dire trento-un, quaranto-dous, etc.


    — 343 — 
    Pour indiquer le quantième du mois, on intercale la préposition de 
    Ex. : le trois février : le tres de febriè ; 

le 17 août : le dets è sept d'agoust.

    La moitié, se dit : la maitat (esp. mitad) ; 
    à moitié, — à mièi ; 
    demi-mort, — mietj-mort, fém. miètjo-morto ; 
    midi, — mietj-joun (pr. mietchoun) ; 
    minuit, — miètjo-neit. 
    Tiers, quart, double, triple, se disent comme en français. 
    Une fois : un cop ; une dizaine d'heures : unos dets ouros; 
    deux fois : dous cops ; une vingtaine : uno binteno ; 
    trois fois : tres cops ; une vingtaine de jours : unis bint 
    quant de cops ou quantis cops ? jouns ; 
    une paire : un parelh ; une centaine : uno centeno ou un 
    une dizaine : uno detseno ; centenat. 
    Quant aux adverbes, l'analogie de dérivation avec le français est 

complète.

    Ex. : premièrement : prumièroment ; 

dixièmement : detsièmoment ; quinzièmement : quinzièmoment.

    CHAPITRE VIII 
    VERBE 
    Les règles d'accord, de formation des temps, les catégories des verbes 

actifs, neutres, passifs, etc, sont, en général, les mêmes qu'en français ; nous indiquerons ci-après, au chapitre de la SYNTAXE, les principales exceptions.

    De même qu'en espagnol et en italien, les terminaisons du verbe 

suffisent à indiquer les personnes; les pronoms-sujets ne s'expriment que dans les cas douteux ou pour appuyer sur l'idée.

    Ex. : aimi : j'aime ; cantarém : nous chanterons ; 

perdèm : nous perdons ; y bas : tu y vas ; troubaréts : vous trouverez ; s'en fugic : il s'est enfui.

    On dira : jou m'en bau, tu tournaras se bos : moi je m'en vais, toi, 

tu reviendras, si tu. veux ; quand el beniô, élo partiô : quand il venait, elle partait.


    - 344 — 
    Mais on pourra dire sans équivoque : 
    m'en anirai douma : je m'en irai demain ; 
    et : èro bengudo l'an passat : elle était venue l'an dernier. 
    Par contre, les enfants de la campagne, qui ne sont pas familiarisés 

avec la langue française, sont portés à exagérer en français l'emploi des pronoms. Ils diront, par exemple : « C'est toi que tu as fait çà? — c'est lui qu'il fait... », parce que la grammaire leur enseigne que le mot as se traduit par tu as et fa par il fait.

    Verbes auxiliaires 
    On fait usage, en languedocien, des deux verbes auxiliaires esse ou 

estre, être, et abé, avoir.

    L'un et l'autre s'emploient généralement dans les mêmes cas qu'en 

français.

    Ex. : abiô aimat : j'avais aimé ; 
    èron cercadis : ils étaient cherchés ; 
    ai durmit : j'ai dormi ; 
    soum bengudo : je suis venue (pron. soun) (1). 
    On trouve pourtant certaines tournures particulières ; ainsi : a bengut 

qualqus (m. à m. : il a venu quelqu'un). Mais on dira sans inversion :

    qualqus es bengut : quelqu'un est venu ; 

me soum gardat aqueste (m. à m. : je me suis gardé celui-ci) ; t'ag as cercat : tu te l'es attiré (m. à m. : tu te l'as cherché) ; m'ac soum pensat : je l'ai pensé (m. à m. : je me le suis pensé).

    Contrairement à ce qui a lieu en français, les temps composés du 

verbe esse, être, n'empruntent jamais ceux de l'auxiliaire abé, avoir.

    Ainsi : j'ai été, se dit : soum estat; fém. soum estado (pron. soun) (1). 

nous avons été, se dit : èm estats (estadis) ; fém. èm estados

    (pron. èn) (1) ; 

nous aurons été, se dit : sirém estats (estadis); fém. sirém

    estados (pron. sirén) (1). 
    Il est à remarquer.que le participe passé estat (été) est variable, en 

languedocien, suivant les genres et les nombres.

    (1) Voir, au sujet de cette orthographe, le §9* ci-après : Remarques sur les conjugaisons. 

Voir aussi la fin du chapitre Ier en ce qui concerne l'accentuation,


    — 345. —. 
    A l'indicatif présent du verbe esse (1) (être), on distingue la deuxième 

personne du singulier de la troisième par l'accent : ès (accent grave), tu es ; tandis que es (accent aigu), signifie il ou elle est.

    Dans le verbe abé, avoir, la première personne du singulier de l'indicatif 

a conservé la graphie romane ai, tout en se prononçant è en dialecte fuxéen, comme en espagnol.

    On peut, d'ailleurs, constater dans certaines vallées ariégeoises, la 

prononciation mouillée èi (j'ai).

    N. B. — Voir ci-après, au sujet de l'emploi de l'auxiliaire abé comme 

verbe impersonnel.

    On trouvera ci-contre le tableau de la conjugaison des verbes auxiliaires, 

dont voici, d'ailleurs, les infinitifs et les participes.

    Infinitif présent.. esse, estre, être ; 
    — passé.... estre estat, avoir été ; 
    — — .... fém. estre estado, avoir été; 

Gérondif en essen, en estren, en étant ;

    — .... ou en esse, en esta (à Toulouse) 
    ; 
    Participe présent, estant (estan), étant ; 
    — passé... estat, fém. estado, été; 
    — — ... plur. estats (estadis), fém. 
    estados, été. 
    abé, avoir ; 
    abé abut, avoir eu ; 
    (pour les deux genres et les deux nombres) 
    en abèn, en ayant ; 
    abént (ajèn, ajan), ayant ; 

abut (agut), fém. abudo,

    eu, eue ; 

abuts (agudis), fém. abudos,

    eus, eues. 
    (1) A Foix, l'infinitif esse est plus usité que la forme estre (cette dernière est surtout 

employée avec le sens vague de... chose). (Voir chapitre XIV.)

    23 


    VERBE AUXILIAIRE ESSE OU ESTRE, ÊTRE (1) 
    SINGULIER PLURIEL 
    1re PERSONNE 2e PERSONNE 3e PERSONNE 1re PERSONNE 2e PERSONNE 3e PERSONNE 
    Indicatif présent (jou) soum (soun) (tu) ès (el, élo) ès (nous aus) èm (en) (bous aus) èts (élis, élos) soun 
    — imparfait èro (èri) èros èro èrom èrots èron 
    — passé défini... fusquégui fusquègues fusquèc (fuc) fusquèguem fusquèguets fusquèguen 
    — 2e forme (fusquèri) (fusquères) (fusquet) (fusquèrem) (fusquèrets) (fusquèren) 
    — passé indéfini. soum estat ès estat ès estat èm estadis èts estadis soun estadis 
    (ou estats) (estats) 
    — — f. soum estado ès estado ès estado f. èm estados èts estados soun estados 
    — plus-que-parf.. èro estat èros estat èro estat èrom estadis èrots estadis èron estadis 
    — futur sirai (sirè) siras sirà sirém (sirèn) sirèts siràn 
    — futur antérieur sirai estat siras estat sira estat sirém estadis sirèts estadis siran estadis 

Conditionnel pr.. siriô (sirô) siriôs (sirôs) siriô (sirô) siriôm (sirôn) siriôts (sirôts) siriôn (sirôn)

    — passé sirio estat sirios estat siriô estat siriom estadis siriots estadis sirion estadis 
    Impératif » siôs sio siom siots sion 
    Subjonctif prés .. que sio que siôs que siô que siôm que siôts que siôn 
    — imparfait.... que fusquesse que fusquesses que fusquesse que fusquèssem que fusquéssets que fusquèssen 
    (ou fusquesso) que fusquès (ou fusquèsson) 


    VERBE AUXILIAIRE ABÉ, AVOIR (1) 
    Indicatif présent, (jou) ai (è) (tu) as (el, élo) a (nous aus) abèm (bous aus) abèts (élis, èlos) an 
    - imparfait abiô (abioy) abiôs abiô abiôm abiôts abiôn 
    — passé défini... ajègui ajègues ajec ajèguem ajèguets ajèguen 
    — 2e forme (aguèri) (aguères) (aguet) (aguèrem) (aguèrets) (aguèren) 
    — passé indéfini, ai abut (agut) as abut a abut abèm abut abèts abut an abut 
    — plus-que-parf. abiô abut abiôs abut abiô abut abiôm abut abiôts abut abiôn abut 

- futur aurai (aurè) auras aura aurèm auréts auran

    — futur antérieur aurai abut auras abut aura abut aurèm abut auréts abut auran abut 
    Conditionnel pr.. auriô (aurô) auriôs (aurôs) auriô (aurô) auriôm (aurom) auriôts (aurôts) auriôn (aurôn) 
    — passé auriô abut auriôs abut auriô abut auriôm abut auriôts abut auriôn abut 
    Impératif » ajes (ajos) aje (ajo) ajam (ajém) ajats (ajets) âjen (âjon) 
    Subjonctif prés .. que aje (ajo) que ajes (ajos) que aje (ajo) que ajam (ajem) que ajats (ajets) que ajen (âjon) 
    — imparfait qu'ajesse qu'ajesses (os) qu'ajesse (0) qu'ajessem (om) qu'ajessets (ots) qu'ajessen (on) 
    (qu'ajesso) 
    (1) On a fait figurer, entre parenthèses, certaines formes ou terminaisons, d'ailleurs régulières, mais moins usitées que les premières dans 

le pays de Foix.


    — 348 — 
    Verbes attributifs 
    On compte quatre sortes de conjugaisons, groupées d'après la terminaison 

de l'infinitif :

    1° Infinitif en a (ar) : aima, aimer; canta, chanter; acaba, achever. 

La finale a porte l'accent tonique.

    (Verbes réguliers à la seule exception de ana, aller.) 
    Cette conjugaison, la plus importante, comprend les neuf dixièmes 

des verbes languedociens.

    (Voir, en outre, chapitre II, formation des verbes en aja, alha, etc.) 
    2° Infinitif en i (ir) accentué : fini, finir ; parti, partir ; peri, salir'; 

beni, venir.

    (Voir ci-après Remarques.) 
    3° Infinitif en è (er) accentué : boulé, vouloir ; poudé, pouvoir ; sapié, 

savoir. (Tous les verbes de ce groupe sont irréguliers.)

    4° Infinitif en e non accentué : metre, mettre ; perdre, perdre ; 

bendre, vendre (réguliers); béure, boire; béire, voir; créire, croire; dire, dire, etc (irréguliers/.

    N. B. — Quelques verbes affectent; à l'infinitif, deux ou plusieurs 

formes différentes.

    Ex. : fuir, qui se dit fugi ou fuge ; luire, se dit lusi et luse ; puer, 

pudi et pude ; bouillir, bulhi et bulhe ; suivre, segui, siègue et seguda.

    Les conjugaisons des verbes réguliers ne diffèrent entre elles qu'aux 

temps suivants : infinitif, participe passé, indicatif présent et imparfait. Les terminaisons caractéristiques des personnes s'ajoutent :

    1° à la racine, pour former l'indicatif présent et imparfait, le passé 

défini, le subjontif présent et imparfait ;

    2° à l'infinitif, pour former le futur et le conditionnel. 
    Comme on l'a vu plus haut, les temps composés se forment avec, les 

mêmes auxiliaires qu'en français.

    Employé avec l'auxiliaire esse, le participe passé s'accorde avec le 

sujet; employé avec abé, il s'accorde avec le régime direct si ce régime le précède, et reste invariable si le complément le suit.

    Ex. : ai durmit : j'ai dormi ; abiôs perdut : tu avais perdu ; 
    èro bengut ; il était venu ; abèm cercat : nous avons cherché ; 

soum perdudo : je suis perdue ; aurà bist: il aura vu ; la fenno qu'as bisto : la femme que tu as vue.

Temps surcomposés. — Outre les temps usuels relatés dans toutes les grammaires, on emploie, comme en catalan, des temps surcomposés, dans lesquels le verbe auxiliaire est suivi, par redondance, de son propre participe passé. Ces formes s'observent, même en français, dans le langage familier.

    Ex. : taléu qu'ai abut acabat, soum partit : aussitôt que j'ai (eu) 
    achevé, je suis parti ; 

s'èro estat tournat, siriô bengut an so nostre : s'il était (été)

    revenu, il serait venu chez nous ; 

quand aura abut finit, y ac direm : quand il aura (eu) fini, nous le lui dirons.

    La formation des temps composés ne présentant aucune difficulté, 

nous ne les ferons pas figurer dans le tableau de la conjugaison des verbes réguliers.

    Les verbes de la troisième conjugaison (en è accentué), étant tous 

irréguliers, seront compris dans le paragraphe spécial aux verbes irréguliers.

    On trouvera, par contre, dans le tableau ci-après, deux modèles pour 

la deuxième conjugaison, concernant les verbes ordinaires et les verbes à forme allongée, que les grammairiens nomment inchoatifs.


    CONJUGAISON DES VERBES RÉGULIERS 
    aima, aimer ; participe passé : aimat, aimado ; 

fini, finir ; . — — finit, finido ; senti, sentir ; — — sentit, sentido ; perdre, perdre ; — — perdut, perdudo.

    SINGULIER PLURIEL 
    TEMPS — — —— —— 
    1re PERSONNE 2e PERSONNE 3e PERSONNE 1re PERSONNE 2e PERSONNE 3e PERSONNE 
    aimi aimos aimo aimam aimats aimon 
    Indicatif présent finissi finisses finis finissèm finissèts finissen 
    senti sentes sent sentèm sentèts sénten 
    perdi perdes perd perdèm perdèts pèrden 
    aimabo aimabos aimabo aimabom aimabots aimabon 
    finissiô finissiôs finissiô finissiôm finissiôts finissiôn 
    Imparafait sentiô sentiôs sentiô sentiôm sentiôts sentiôn 
    perdiô perdiôs perdiô perdiôm perdiôts perdiôn 
    aimègui aimègues aimèc aimèguem aimèguets aimèguen 
    finisquègui finisquègues finisquèc finisquèguem finisquèguets finisquèguen 
    — passé défini sentègui (ou sentègues (ou sentèc sentèguem sentèguets sentèguen (ou 
    sentisquègui) sentisquègues) sentisquèguen) 
    perdègui perdègues perdèc perdèguem perdèguets perdèguen 
    aimarai aimaras aimara aimarém aimaréts aimaràn 
    futur finirai finiras finira finirém finiréts finiràn 
    sentirai sentiras sentira sentirém sentiréts sentiràn 
    perdrai perdras perdra perdrém perdréts perdràn 


    aimariô aimariôs aimariô aimariôm aimariôts aimariôn 
    (aimarô) (1) 
    finiriô (finirô) finiriôs finiriô finiriôm finiriôts finiriôn 
    Conditionnel pr. sentiriô sentiriôs sentiriô sentiriôm sentiriôts sentiriôn 
    (sentirô) 
    perdriô perdriôs perdriô perdriôm perdriots perdriôn 
    (perdrô) 
    » aimo aime aimem aimats (aimets) aimen 
    (aimam) 
    » finis finisco finiscam finiscats finisquen 
    (finissem) (finissets) (finiscon) 
    " sént sénto sentam sentats (sentets) senten (on) 
    (sentem) 
    " pèrd (pèr) pèrdo perdam perdats perden (on) 
    (perdem) (perdets) 
    que aime que aimes que aime que aimém que aiméts que aimen 
    — finisque — finisques — finisque — finiscam — finiscats — finisquen 
    Subjonctif prés (isco) (iscos) (isco) (iscon) 
    — sente (o) — sentes (os) — sente (o) — sentam — sentats — senten (on) 
    — perde (o) — perdes (os) — perde (o) — perdam — perdats — perden (on) 
    (que aimèsse que aimèsses que aimèsse que aimèssem que aimèssets que aiméssen 
    imparfait .. — finisquesse » » » » » 
    " — sentesse » » » » » 
    — perdesse » » » » » 
    (1) On a indiqué, entre parenthèses, des formes, d'ailleurs régulières, mais moins usitées que les premières dans le pays de Foix. 

Remarques sur les conjugaisons

    1° La plupart des verbes, dont l'avant-dernière syllabe est en ou, 

l'allongent en ô aux trois personnes du singulier et à la troisième du pluriel du présent à l'indicatif, à l'impératif et au subjonctif.

    Ex. : trouba, trouver, indic. prés. : trôbi, trôbos, trôbo, troubam, 
    troubats, trôbon ; 

impératif : trôbo, troubem (troubam), troubets

    (troubats), trôben ; 

subj. prés. : que trôbe, trôbes, trôbe, troubèm,

    troubets, trôben. 
    De même : jouga, jouer; emplouya, employer; sourti, sortir; mouri, 

mourir ; demoura, demeurer ; tourra, geler ; boula voler (en l'air) ; boulé, vouloir; poudé, pouvoir; pourta, acourda, abourda, adouba, adoura, rouda; deboura, dévorer; louga, louer; desoula, désoler, etc.

    D'autres conservent ou dans toute la conjugaison, comme tourna, 

revenir ; ploura, pleurer ; flouri, fleurir ; douna, donner ; poupa, téter ; mounta, monter ; croumpa, acheter ; souna, sonner ; bouta, mettre ; estouna, étonner ; coula, couler ; touna, tonner ; toumba, tomber, etc.

    Quelques verbes comme môle (moudre), torse (tordre), changent o en 

ou dans les cas où le déplacement de l'accent tonique rend la première syllabe brève.

    Ex. : imparfait, toursiô (il tordait). 


    — 388 — 
    C'est sous la même influence que l'on dit : dêichi, je laisse et dicharan, 

ils laisseront.

    2° Dans les conjugaisons, comme il a été dit à l'occasion de la formation 

des mots, pluriels, diminutifs, etc, les finales ca, co, ga, go se changent, le cas échéant, en que, qui, gue, gui.

    Ex. : cerca, chercher ; cerco, cherche ; cerqui, je cherche ; cerquègui, 

je cherchai ; finisque ou finisco, qu'il finisse ; finiscats, que vous finissiez

carga, charger ; cargo, il charge ; cargui, je charge ; carguèc, il

chargea.

    3° De même qu'en italien, la plupart des verbes de la deuxième 

conjugaison, actifs ou transitifs, prennent, dans les temps simples autres que le futur et le conditionnel, une forme allongée (intercalation de la syllabe iss). Voir la conjugaison de fini. Les grammairiens les désignent sous le nom d'inchoatifs.

    Tels sont : aberti, abouti, abruti, acoumpli, adouci, agi, basti, besti, 

benasi, bulhi, causi, coumberti, escupi, establi, flouri, fugi, fourni, gari, garni, gemi, joui, langui, lusi, menti, mousi, nouiri, oubéï, ourdi, pati, peri, pouiri, puni, ranci, rousti, soucati, soufri, tari, toussi, trahi, transi, trepi, etc.

    Les autres, moins nombreux, à peine une vingtaine, se conjuguent 

comme senti, sentir.

    Parmi ces derniers : parti, serbi, pudi, se repenti, mouri, durmi, 

durbi, sourti, teni, beni, reteni, etc.

    Indicatif présent : finissi, finisses, finis, etc ; 

legissi, legisses, legis ; senti, sentes, sent; parti, partes, part.

    Au futur, on dit uniformément : finirai, legirai, sentirai, partirai. 
    4° D'une manière générale, les verbes de la deuxième conjugaison 

(en i) éprouvent, au passé défini, un allongement par suite de l'intercalation de la syllabe isq entre le radical et les terminaisons. Cette intercalation a lieu parfois aussi à l'imparfait du subjonctif.

    Quelques-uns de ces verbes peuvent, par contre, prendre, à ces 

mêmes temps, une forme contractée.

    Ex. : senti (sentir) : sentisguègui et sentigui, sentigues, sentic, sentiguem, 

etc ; fugi (fuir) : fugisquègui et fugigui, fugigues, fugic, etc ; parti (partir) : partisquec et partic.


    — 389 — 
    De même, dans d'autres conjugaisons : fasquègui, fègui; et fasquec, 

fèc: fasquesso, fèsso (qu'il fît), fusquec et fuc, il fut; bejèguen et biguen, ils virent.

    5° Aux premières personnes, du pluriel des divers temps, comme cela 

s'est produit en français, et au singulier de l'indicatif présent du verbe être, la terminaison se prononce généralement à l'aide de la finale n.

    On dit : soun, je suis (en italien sono, au lieu de soum (du latin sum); 

aiman, nous aimons, — aiman (amamus) ;

    perdiôn, nous perdions, — perdiôm ; 
    cantabon, nous chantions, — cantabom; 
    finisquèguen, nous finîmes, — finisquèguem. 
    Nous avons conservé, par raison d'étymologie, la consonne finale m, 

que l'on retrouve, d'ailleurs, dans la plupart des dialectes pyrénéens, ainsi que dans le catalan.

    Pour un motif analogue, la première personne du singulier du futur 

s'écrit régulièrement : cantarai, finirai, perdrai..., que l'on prononce, à Foix comme en espagnol : cantarè, finirè, perdrè...

    On entend, du reste, le son ai ou èi diphtongue, dans certaines 

régions de l'Ariège, comme nous l'avons signalé au chapitre VIII (VERBES AUXILIAIRES).

    6° A l'imparfait de l'indicatif, l'accent tonique qui, dans la première 

conjugaison et exceptionnellement dans l'auxiliaire èro (j'étais), repose sur l'avant dernière syllabe : cantâbo, je chantais, se trouve sur la dernière syllabe dans les autres conjugaisons.

    Ex. : finissiô, je finissais ; disiôs, tu disais ; perdiôn, ils perdaient. 
    La syllabe finale (en i) de l'indicatif présent et du passé défini est 

atone dans toutes les conjugaisons.

    7° La terminaison de la troisième personne du passé défini se prononce 

tantôt èc, dans l'Ariège, tantôt et, dans les départements voisins. Nous disons, par exemple : aimec, il aima ; fmisquec, il finit. Etymologiquement, la finale et serait plus régulière; car elle représente plus fidèlement la désinence latine correspondante it dans amavit, finivit, perdidit.

    La terminaison èc est, toutefois, justifiée par la présence de la consonne 

douce analogue g, aux autres personnes de ce même temps.

    Passé : aimègui, aimec, aimèguen, etc ; 
    finisquègui, finisquègues, finisquec ; 

perdègui, perdègues, perdec.

    — On emploie, dans la Haute-Ariège, la forme en ÈRI. Ainsi cantèri, 

cantères, cantet, cantèrem, etc.


    — 390 — 
    — A Foix, la première personne du singulier se contracte souvent en 
    êï. 
    On entend dire : aimé-ï, j'aimai ; finisquê-ï, je finis ; 

diguê-i et même diëi, je dis.

    A remarquer des contractions analogues, telles que demourâo (pour 

demourabo), il demeurait; counéio (pour couneguiô), il connaissait; siô (pour siriô, sirô), il serait ; sâï (pour sabi), je sais, etc.

    8° Il est à regretter que, pour éviter toute équivoque, le dialecte 

fuxéen n'emploie pas, aux premières personnes du singulier de l'imparfait de l'indicatif et du conditionnel présent, la finale y ou i usitée à Toulouse et dans la région toulousaine.

    Ainsi : fasioi ou fasioy, je faisais, au lieu de fasiô qui représente les 

première et troisième personnes du singulier ; abioi ou abioy, j'avais, au lieu de abiô; aimarioy, j'aimerais, au lieu de aimariô.

    Ou bien la terminaison en i pur, comme dans le Lauragais : èri, 

j'étais ; cantabi, je chantais.

    9° On remarquera qu'en languedocien, plus souvent qu'en français, 

la deuxième personne du singulier de l'impératif prend la forme de la troisième personne du singulier de l'indicatif présent.

    Ex. : aimo, aime, et il aime ; canto, chante, et il chante ; 

béu, bois, et il boit ; dits, dis, et il dit ; finis, finis, et il finit ; siec, suis, et il suit.

    Exceptions : impératifs irréguliers : bè, va ; fè, fais ; tè, tiens ; béne, 

viens.

    A l'impératif positif, la deuxième personne du pluriel est tirée de 

l'indicatif présent, tandis que la première personne du pluriel dérive du subjonctif présent.

    Ex. : aimem, aimons ; finiscam, finissons ; 

aimats, aimiez ; finissets, finissez.

    Au prohibitif, c'est-à-dire si l'impératif est précédé d'une négation, 

toutes les personnes prennent la forme du subjonctif.

    Ex. : aiméts pos, n'aimez pas ; finiscats pos, ne finissez pas ; 
    cerques pos, ne cherche pas ; tournets pos, ne revenez pas. 

[Tandis que l'on dira : cerco, cherche ; tournats, revenez.] dits-me se bendrà, dis-moi s'il viendra ; et digues (digos) pos rés à papa, ne dis rien à papa.


    - 391 - 
    9 bis Quelques verbes très usuels, tels que être, avoir, savoir, vouloir, 

pouvoir, etc, n'ont pas de forme particulière pour l'impératif positif; ils prennent celle du subjonctif.

    Ex. : siôs, sois ; ajes, aie ; sâpies, sache ; belgues, pesques, etc. 
    10° Au subjonctif, sauf pour la première conjugaison, l'on emploie 

indifféremment les terminaisons atones : e, es, e, en ; o, os, o, on.

    Ex. : boli que sorte ou sorto, je veux qu'il sorte ; caldriô que perdessen 

ou perdesson, il faudrait qu'ils perdissent.

    Le subjonctif présent se forme du passé défini en supprimant la finale 

gui, sans préjudice de la rétrogradation de l'accent.

    Pour l'imparfait, on change la finale ègui de la première personne 

en êsse; à la troisième personne, la voyelle désinentielle se supprime parfois; on dit alors : que racountès (qu'il racontât), l'accent restant sur la finale.

    Ex. : aimègui, j'aimai; subj. prés, que aime; imparf. que aimesse; 

finisquègui, je finis ; — que finisque;— que finisquesse; perdègui, je perdis ; — que perde ; — que perdesse.

    On compte peu d'exceptions à cette règle, ainsi : 
    durmi, dormir; durmisquègui, subj. prés. que dèrme; 

durbi, ouvrir ; durbisquègui, — que dèrbe ;

    boulé, vouloir ; boulguègui, — que bèlgue ; 
    poudé, pouvoir ; pousquègui, — que pèsque. 
    De même, les verbes, qui ont le son ou à la pénultième, en changent la 

prononciation en ô, comme à l'indicatif. (Voir plus haut, § 1°.)

    11° Le participe présent se distingue nettement du gérondif par sa 

terminaison et souvent même par sa forme.

    Le gérondif, généralement précédé de la préposition en, dérive de 

l'infinitif, auquel on ajoute la consonne n sans déplacement de l'accent tonique.

    Gérondif Participe présent 
    Ex. : aima, aimer ; en aiman, en aimant ; aimant, aimant ; 
    parti, partir ; en partin, en partant ; partént, partant ; 
    fè, faire ; en fèn, en faisant ; fasént ; 
    rire, rire; en rîren, en riant ; risént; 
    créire, croire ; en créiren, en croyant ; cresent ; 
    esse, être ; en êssen, en étant ; estan, estant ; 
    estre, être. en êstren — 


    . — 392 — 
    Dans quelques autres dialectes méridionaux, à Aurillac, à Toulouse, 

notamment, on emploie, dans ce sens, l'infinitif lui-même et l'on dit : en creire, en croyant ; en estre ou en esta, en étant ; en béni, en venant.

    Le participe présent, proprement dit, se forme de la première personne 

du pluriel du présent de l'indicatif, par le changement de la finale m en nt ; cette terminaison (ant, pour la première conjugaison et ent pour les trois autres) peut prendre la marque du pluriel.

    Ex. : aiman, nous aimons ; part. prés, aimant, pl. aimants ; 
    perdèm, nous perdons; — perdent, les perdents, les perdants ; 

fasèm, nous faisons ; — fasent, fasents ;

    risèm, nous rions ; — risént, risénts ; 
    cresèm, nous croyons : — cresènt, cresénts. 
    12° Le participe passé se termine en eut, it et ut, savoir : 
    1re conjug. en at 
    aimat, aimé ; fém. aimado; 
    pl. aimats (aimadis); — aimados ; 
    2e — en it 
    finit, fini ; — finido ; 
    pl. finits (finidis) ; — finidos ; 
    3e — en ut 
    boulgut, voulu ; — boulgudo ; 
    pl. boulguts (boulgudis) ; — boulgudos ; 
    4e — en ut 
    perdut, perdu ; — perdudo ; 
    pl. perduts (perdudis) ; — perdudos. 
    N. B. — Les pluriels masculins en ats, its, uts, sont plus usités que 

ceux en adis, idis, udis.

    On trouve quelques exceptions, que nous signalerons dans le tableau 

des verbes irréguliers.

    Ainsi : bist, vu, de béire, voir ; mort, mort ; dubert, ouvert, de durbi ; 

dit, dit ; fèit, fait ; prés, pris ; més, mis ; côit, cuit, etc.

    Ce sont les participes forts; c'est-à-dire à finale contractée. 
    N. B. — De même qu'en français, les participes s'emploient souvent 

comme de véritables substantifs.

    Ex. : uno flambado, une flambée; uno sourtido, une sortie; uno 

courrudo, une course ; le bulhit, le bouilli ; le roustit, le rôti.

    Les participes présents sont moins usités ; on préfère se servir d'une 

périphrase.

    Ex. : les perdents ; et mieux les que pèrden, ceux qui perdent. 


    — 393 

verbes irréguliers

    Nous donnons ci-après un tableau, des principaux verbes irréguliers. 

Les irrégularités n'affectent pas toujours l'ensemble de la conjugaison.

    Les temps simples suivent, en général, le même développement 

(nombres et personnes) que dans les verbes réguliers.

    Nous indiquerons, à la suite de l'infinitif, le participe passé, la première 

personne du singulier des temps simples du mode indicatif, ainsi que celle de l'impératif et du subjonctif présent.

    Certains de ces verbes, pour lesquels il n'existe pas une forme particulière 

d'impératif, empruntent au besoin les personnes correspondantes du subjonctif présent.

    Quelques autres, tels que querre, chercher, môle, moudre, etc, non 

mentionnés dans le tableau, sont considérés comme défeciifs ; on ne les emploie guère, de même qu'en français, qu'à l'infinitif et parfois à l'indicatif.

    Les règles précédentes, touchant la formation des temps, permettront, 

le cas échéant, de compléter ce tableau, en ce qui a trait aux autres modes.

    Quant au présent de l'indicatif lui-même, dont l'irrégularité est souvent 

assez étendue, nous croyons devoir le conjuguer en entier.

    26 


    TABLEAU DES PRINCIPAUX VERBES IRRÉGULIERS 
    MODE INDICATIF 
    PARTICIPE , SUBJONCTIF 
    INFINITIF PRESENT — —- IMPERATIF 
    PASSE PRÉSENT 
    INDICATIF PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ DÉFINI FUTUR 
    ana, aller. anat sing. bau, bas, ba anabo anguègui anirai bè (bai) que angue 
    plur. anam, anats, ban (anègui) 
    fè faire fèit fau, fas, fa fasiô fasquègui farai fè — fasque 
    fasèm, fasets, fan (fègui) 
    durmi, dormir durmit dêrmi, dermes, derm durmiô durmisquègui durmirai dèr — derme 
    durmem, durmets, dermen (durmigui) 
    teni, tenir tengut tèni, tènes, ten (té) tenio tenguégui tendrai té (ten) — tengue 
    tenem, tenèts, tènen 
    beni, venir bengut béni, bènes, bén (bè) beniô benguègui bendrai bène — bengue 
    benèm, benêts, bènen 
    mouri, mourir mort môri, môres, mor mouriô mourisquègui mourirai môr — môrie 
    mourèm, mouréts, môren (mourigui) (mourisque) 
    poudé, pouvoir pouscut pôdi, podes (pos), pot poudiô pousquègui pouirai — — pèsque 
    poudèm, poudèts, pôden 
    boulé, vouloir boulgut bôli, bôles (bos), bol bouliô boulguègui bouldrai — — bélgue 
    boulèm, boulèts, bôlen 
    sapiè, savoir sapiut sabi, sabes (sas), sap sabiô sapiègui saurai — — sâpie 
    sabèm, sabèts, sâben 
    balè, valoir balgut bâli, bales, bal baliô balguègui baldrai — — balgue 
    balèm, balèts, bâlen 


    bèire, voir bist bèsi, bèses, bets besiô bejègui beirai bèts que béje 
    besèm, besèts, bèsen (bigui) 
    dire, dire dit disi, dises, dits disiô diguègui dirai dits — digue 
    disèm, disèts, dîsen 
    crèire, croire cresut crèsi, crèses, crets cresiô crejègui croirai crèts — crèje 
    cresèm, cresèts, crèsen 
    bèure, boire bebut bèbi, bébes, bèu bebio bebègui beurai bèu — bèbie 
    bebèm, bebèts, bèben 
    déure, devoir debut dèbi, dèbes, dèu, debiô debègui deurai dèu — dèbie 
    debèm, debèts, dèben 
    biure, vivre biscut bibi, bibes, biu, bibiô bisquègui biurai biu — bisque 
    bibèm, bibèts, bîben 
    escriure, écrire escriut escribi, escribes, escriu escribiô escribègui escrirai escriu — escribie 
    escribem, escribets, escriben 
    rire, rire rigut risi, rises, rits risiô riguègui rirai rits — risie 
    (risut) risèm, risèts, risen (rique) 
    coire, cuire côit côsi, côses, cots cousiô cousisquègui couirai cots — côse 
    cousem, cousets, côsen (cousigui) (coje) 
    prendre, prendre près préni, prènes, prèn preniô prenguègui prendrai prèn — préngue 
    prenem, prenèts, prènen 
    nêiche, naître nascut nèichi, nèiches, nêich neichô neichègui neicherai nêich — nèiche 
    neichem, neichets, nèichen (nasquègui) 
    siègue, suivre siégut siègui, siègues, siec siego sieguègui seguirai sièc — siègue 
    sieguèm, sieguèts, sièguen (sièguèrai) 
    plâgne, plaindre plagnut plagni, plagnes, plagn plagnô plagnègui plagnerai plagn — plàgne 
    (crègne, craindre) plagnèm, plagnèts, plâgnen (plandrai) 


    — 396 — 
    Verbes neutres 
    Les verbes neutres n'ont pas, à proprement parler, de conjugaison 

particulière ; ils ne diffèrent des verbes transitifs que dans les temps composés.

    De même qu'en français, ils prennent l'auxiliaire (être) esse, quand ils 

expriment l'état du sujet, avec lequel le participe s'accorde, et l'auxiliaire abé (avoir), quand ils indiquent l'action; le participe reste alors invariable.

    Ex. : soum tournat, je suis revenu ; èro arribado, elle était arrivée ; 

as escupit, tu as craché ; aura toussit, il, elle, aura toussé.

    Verbes passifs 
    Les verbes passifs se conjuguent avec l'auxiliaire esse (être). Le participe 

passe prend, comme en français, le genre et le nombre du mot auquel il sert d'attribut.

    Indicatif présent : soum aimat (f. aimado) ; ès aimat, és aimat, 

Pluriel : èm aimadis (f. aimados) ; èts aimadis ; soun aimadis (aimats) ;

    Futur : sirai aimat (f. aimado) ; plur. sirém aimats (f. aimados). 
    Et, ainsi de suite, pour les autres temps. 
    Ex. : aquélo cansou fusquec pla cantado : cette chanson fut bien 
    chantée ; 

aquélo isiorio es estado mal countado : cette histoire a été mal

    contée ; 

las pessos siran reüssidos : les pièces seront réussies.

    Verbes réfléchis 
    Les verbes réfléchis ou pronominaux se conjuguent à l'aide des seuls 

pronoms-compléments mentionnés plus haut.

    Les temps composés des verbes réfléchis proprement dits prennent le 

verbe auxiliaire estre (être).

    Les verbes accidentellement pronominaux prennent parfois l'auxiliaire 

abé (avoir).

    Ex. : t'ac as cercat : tu te l'es cherché. 
    Verbe se flata, se flatter : 
    Indicatif présent : me flati (je me flatte), te flatos, se flato ; nous 

flatam, bous flatats, se flaton.


    — 397 — 
    Autres temps : nous èm flatats, nous nous sommes flattés ; 
    bous èrots flatados, vous vous étiez flattées ; 
    se siran flatats, ils se seront flattés ; 
    se flatec, il se flatta; se ftataran, ils se flatteront. 

Impératif : ftato-te, flatte-toi ; flatem-nous, flattons-nous; flatals-bous,

    flattez-vous. 
    Verbe se sieta, s'assoir : 
    me sièti, je m'assieds ; me sietarai, je m'assoierai ; 
    te sietègues, tu t'assis ; sièto-te, assieds-toi ; se sièto, il s'assied ; 
    sietèm-nous, asseyons-nous ; sietats-bous, asseyez-vous. 
    Verbe se calha, se taire. 

te calharas ? te tairas-tu ?

    se calhèc, il se tut ; nous calharém, nous nous tairons ; 

calho-te, tais-toi ; calhem-nous, taisons-nous, calhats-bous, taisezvous.


    Verbe s'en ana, s'en aller : 
    Indicatif présent : m'en bau, je m'en vais ; t'en bas, s'en ba ; noun'anam, 
    boun'anats, s'en ban ; 

Imparfait : m'en anabo, t'en anabos ; Futur : m'en anirai, s'en anira ; Impératif : bè-t'en, va-t-en; anèm-noun, allons-nous en; anatsboun

    (1), allez-vous en. 
    On se sert souvent, par pléonasme, de la forme réfléchie pour les simples 

verbes, actifs ou neutres :

    Ex. : m'ac manjègui, je le mangeai (mot à mot : je me le mangeai) ; 

m'ac soum pensat, je l'ai pensé ( — je me le suis pensé) ; me môri, je meurs ( — je me meurs).

    Et quelquefois aussi pour suppléer la forme passive. 
    Ex. : la campano s'ausis d'aci, la cloche s'entend d'ici. 
    Verbes interrogatifs 
    On n'emploie pas les pronoms personnels-sujets. Le ton seul indique 

l'interrogation.

    Ex. : bénes ou bénes pos ? viens-tu ou ne viens-tu pas ? 

que disiôs adès ? que disais-tu tout à l'heure ? quand tournaréts ? quand reviendrez-vous ? ount te troubarai ? où te trouverai-je ? d'ount benion ? d'où venaient-ils ?

    (1) Voir, au sujet de cette contraction, chapitre VI : Pronoms personnels compléments. 


    — 398 — 
    On dit parfois pour mieux préciser : pot élo tourna à l'oustal? peut 

elle revenir à la maison ? ou encore : es te trufat jamès ? (pour t'es trufat jamès ? ), t'es-tu jamais moqué?

    La formule interrogative est-ce que peut se traduire par ès que (gallicisme) 
mais le plus souvent elle ne s'exprime pas.
    Ex. : est-ce que tu l'as vu? es que l'as bist? ou simplement l'as bist? 

qui est-ce qui frappe ? qui truco ?

    On trouve aussi la forme elliptique : se cantaras ? chanteras-tu ? 

pour : dis-moi si tu chanteras...

    Verbes impersonnels 
    Le pronom se supprime dans cette conjugaison. 
    Ex. : grèllo, il grêle ; grellabo, il grêlait ; grellarà, il grêlera ; 

touno, il tonne ; a tounat, il a tonné ; tounèc, il tonna ; plau, il pleut; plabiô, il pleuvait; plabiec, il plut; a plabiut, il

    a plu; plaurà, il pleuvra; cal que plabie, il faut qu'il pleuve; 

calé, falloir ; cal, il faut ; caliô, il fallait ; calguec, il fallut ; a

    calgut, il a fallu; caldrà, il faudra; que calgue, qu'il faille. 
    Il y a des gens, y a géns (des ne s'exprime pas) ; 
    il y eut un homme, y ajec un ome ; 
    il y avait des femmes, y abiô fennos ; 
    il y a un an, y a un an ou fa un an ; 
    il y aura deux mois : y aura dous méses ou farà dous méses. 
    N. B. — On emploie parfois cet auxiliaire sans l'adverbe y. 
    Ex. : loungténs a, il y a longtemps. 
    On dit dans le même sens : boun téns a, ou pla téns a, ou simplement 

téns a.

    CHAPITRE IX 
    ADVERBE 
    Les adverbes, comme les autres mots invariables, se trouvent dans 

tous les vocabulaires. Nous mentionnerons toutefois les principaux, en les groupant d'après les catégories de temps, lieu, quantité, etc, généralement adoptées dans les grammaires.


    — 399 — 
    Manière. — Les adverbes de manière se forment, comme en français, 

en ajoutant ment (1) à l'adjectif féminin (2).

    Ex. : grande, grande, grandoment, grandement; 

pauro, pauvre, pauroment, pauvrement ; prumièro, première, prumièroment, premièrement.

    Les adverbes peuvent prendre aussi la forme diminutive. 

Ex. : doussoment, dim. doussetoment, doussomentou et doussomentet, tout doucement ; siaud, silencieusement, dim. tout siaudet, tout silencieusement.

    Temps 
    Quand ? ou couro ? quand ; 
    d'ouro, de bonne heure, tôt, 
    oungan, cette année-ci ; 
    l'an que bé, l'an prochain ; 
    l'an passat, l'an passé ; 
    soubent (3), souvent ; 
    déjà, jà, déjà, 
    enfin (vulg. anfins), enfin ; 
    loungtens, longtemps ; 
    toutjoun, toujours ; 
    jamès (jamai), jamais ; 
    alabéts, alors ; 
    aro, maintenant, à présent ; 
    tout aro, tout à l'heure (au futur); 
    encaro, encar ('enca'), encore ; 
    adès, naguère, tout à l'heure (au passé) ; 
    d'abord, d'abord ; 
    entretan, autrefois ; 
    lèu, tôt, bientôt ; 
    talèu, sitôt ; 
    autalèu, aussitôt ; 
    pulèu, plus tôt, plutôt ; 
    calque cop, quelquefois ; 
    tard, tard ; 
    après, apèi, "ensuito", après, en suite ; de suito, de suite ; segui; de cop, sul cop, tout à coup, sur le champ ; 

bèi, aujourd'hui ; douma (derna), demain ; douma passat, après-demain ; douma nèit, demain soir ; douma'l souer, demain soir ; douma maiti, demain matin ; aneit, cette nuit-ci, aujourd'hui ; tantot, de cops, couro, tantôt; de cops parlo, de cops rits, ou

couro parlo, couro rits, tantôt il parle, tantôt il rit ; bite, bitoment, vite, vivement ; dasiè, hier ;

dasiè passat, avant-hier ; dasiè neit, hier soir ; dasiè l souèr, hier soir ; dasiè maiti, hier matin ; de maiti, de bon matin ; de neit, de nuit, pendant la nuit. (1) Nous avons constaté plus haut (voir chapitre II) que le t final de l'adverbe devenait de moins en moins sensible dans la prononciation ; il tend même à disparaître tout à fait comme en provençal. Cette consonne est, d'ailleurs, tombée d'une manière générale à la troisième personne du pluriel dans les divers temps des verbes.

    Ex. : canton, ils chantent ; cantabon, ils chantaient ; du latin cantant, cantabant. 
    (2) Prononcez : ment. 
    (3) Dans plusieurs dialectes languedociens, on dit souen par contraction. 


    — 400 — 
    Lieu 
    Ount? où? 
    d'ount bènes ? d'où viens-tu ? 
    y, y (y bau, j'y vais) ; 
    en, en (m'en béni, j'en viens) ; 
    assi (aciu, aci), ici ; 
    prassi (praci), par ici ; 
    alà, là-bas ; 
    pralà, par là-bas ; 
    en là, en delà, par là ; 
    delà par delà, de l'autre côté ; 
    en cà, en deçà, par ici ; 
    deçà, de ce côté-ci ; 
    aquí ('atchí), aquiu, là ; 
    pr'aquí, par là ; 
    naut, en haut ; 
    bas, en bas ; 
    alanaut 
    alamount là-haut ; 
    alabàs, là-bas ; 
    amount, en haut ; 
    pr'alamont, par là-haut ; 
    acalh, en bas ; 

cap amont (cap ensús), vers le but ;

cap enlà, vers là-bas ;

cap avalh, vers en bas ;

cap ençà, vers ici ;

pr'aquí en vbalh, par ici en bas ; 

tout dreit, tout droit ;

    anabo cap al pount, il allait vers le pont ; 
    sus, dessus, sur, dessus ; 
    jous, dijous, sous, dessous ; 
    dabant, devant ; 
    darrè, derrière ; 
    à l'endarrè, par derrière, en arrière 
    près, proche, près, proche; 
    lègn, loin ; 
    enloc, nulle part ; 
    endacom (endacons), quelque part; 
    al dessus, au-dessus ; 
    al dijous, au-dessous ; 
    dins, dadins, dedans, dans ; 
    foro, deforo, hors, hors, de, sauf; 
    deforo, dehors, au-dehors ; 
    al miei, au milieu ; 
    al cap, au bout; 
    al founse, au fond ; 
    pertout, partout; 
    de tust en bust, de haut en bas. 
    Quantité 
    Quant ? combien ? 
    pla, forso, belcop, bien, fort, beaucoup ; 
    cap, brico, pas du tout; 
    autant, auta, autant, aussi ; 
    tant ('ta, tant'), si ; 
    gaire, guère ; 
    trop, trop ; 
    pauc, peu; 
    soulomént, seulement ; 
    environ, environ ; 
    a penas, à peine ; 

a pro pena, à peine, seulement; plan pron, bien assez ; un pauc, un peu ; plan pauc, bien peu ; un chic, un petit peu ; un pessic, un petit morceau ; gairebé, presque ; mès (mai à Toulouse), plus, davantage

pus (pu), plus ; mens, moins ; al ménsos, au moins ; prou, assez ; rés, rien ; répumès, rien de plus ;

    à fèt, tout à fèt, tout à fait ; 
    acô edious 
    sens res que aco 

seque aco (secacô) resque aco (recacô) acô souloment acô tant just

Rien que cela!

Cela seulement !

    un tros, un gros morceau ; 

un floc, une grosse quantité ; à mièjo, à moitié, de moitié ; à maitat, à moitié ; à pu près, à peu près ; just, justement, strictement.

    Affirmation. — Oui (respectueux), oui. Ex. : oui, moussu : oui, monsieur. 


    O (anciennement oc), indifférent et familier. On emploie Òc-ben ('ôbe') (oui, 

certes) dans le même sens.

    Ex. : bendras ? viendras-tu ? O (ou ôbe) y bendrai. 
    Tiô (familier, comportant le tutoiement) : tiô, mou filh, oui, mon fils. 
    Si, si fèt, si, si fait ; te disi que si, je te dis que si. 
    De fèt, en effet, en effet. 
    Belmal, talomént, assurément, certainement. 
    Bertat ? vrai ? vraiment ? (Es bertat ? Est-ce vrai ?) 
    Négation. — Nâni (respectueux), non. Ex. : nâni, madamo : non 

madame.

    Nou (familier), non. Ex. : nou, droulloto, non, ma petite fille. 
    On prononce quelquefois noun devant le mot pas : noun pas ! que 

non pas !

    — La négation française pas se rend, en dialecte de Foix, par pos 

(forme vulgaire) et quelquefois ges ; elle se renforce, le cas échéant, par le mot cap, aucun, pas du tout. La particule ne se supprime généralement.

    Ex. : es pos tu, ce n'est pas toi ; l'aimi pos, je ne l'aime pas ; 
    n'y a pos cap, il n'y en a pas du tout (ici cap signifie aucun); 
    y a pos res (ou y a ges res), il n'y a rien. On n'exprime pas le 

ne négatif. Le ne initial sert à traduire le pronom en français. Ne boli, j'en veux.

    Toutefois, on écrit et on prononce pas, forme plus régulière, soit 

immédiatement après l'adverbe noun ou après une particule invariable, soit au commencement d'une phrase.

    Ex. : ero el è noun pas jou: c'était lui et non pas moi ; 

noun pas certo ! non pas certes ! nou, pas el : non, pas lui ; pas jou : pas moi ;

    es partit è pas soul : il est parti et pas seul ; 

y anirai, mes pas ambe tu : j'irai, mais pas avec toi ; pas uno fenno : pas une femme.


    — 402 — 
    — Mais on dira : 
    ero pos ambe jou : il n'était pas avec moi ; 
    n'en bôli pos : je n'en veux pas ; 
    y abiô pos uno fenno : il n'y avait pas une femme ; 
    nou'l troubaras pos mes : tu ne le trouveras plus (LE, nom de 
    personne) ; 

ac troubaras pos : tu ne le trouveras pas (cela) (LE, nom de chose).

    Brico (pas un brin, pas du tout), s'emploie comme réponse, souvent 

seul, sans autre négation.

    Ex. : es-tu fatigué? es cansat? — Réponse : pas de tout; brico (ou 

brico cansat) ; n'a pos brico : il n'en a pas du tout, pas un brin.

    N. B. — La négation se renforce parfois plus qu'en français. 
    Ex. : un seul n'en eut point : un soul nou n'ajec pos cap ; 
    il ne vint pas : nou benguec pos ; il n'y a rien : y a pos res. 
    On trouve aussi sous la forme élidée n' des négations explétives. 
    Ex. : que n'auriô fèit per jou? que n'aurait-il fait pour moi? 
    que n'auriôs donnat per élo ? que n'aurais-tu donné pour elle ? 
    Doute. — Belèu, peut-être, sans doute. 

Bessè, peut-être, probablement. Gairebé, presque. A pu près, à peu près.

    Autres locutions adverbiales 
    Coussin? coussi? comment? Ex. : coussin (coud) farém? comment 

ferons-nous ?

    Quin? (familier), comment? Ex. : quin bas? comment vas-tu? 
    Perqué? pourquoi ? Ex. : perque nou? pourquoi non ? 
    Cou? (familier), pourquoi? Ex. : cou nou benguec? que ne vint-il pas? 
    Tabés ou tabe, aussi. Ex. : tu tabés : toi aussi. 
    Tapauc (1), non plus. Ex. : el tapauc : lui non plus. 
    Ta plà, aussi bien. Ex. : yè ta plà ! eh certainement ! oui, certes ! 
    Pracô, pour cela (même formation que praci, pralà (voir adverbes de 

lieu).

    A mijè, à mièjos, de moitié. Ex. : farém à mijè, à mièjos : nous ferons 

de moitié (à mi-fruits).

    (1) Tapauc veut dire à la fois aussi peu et non plus. 

Ex. : y anirai pos jou tapauc, je n'irai pas moi non plus ;

    es bengut el tabés, lui aussi est venu ; 
    n'abio ta pauc que rés, il en avait aussi peu que rien. 


    -- 403 — 
    Garo assi, voici. Ex. : garo assi (ou aci es) le loup : voici le loup. 

Atal, ensi, ainsi, tellement. Ex. : atal cal fè : ainsi faut-il faire. Atal, atal, là et là, tout doucement.

    Merci, mercîo (î très long). Ex. : bau pla, merci : je vais bien, merci. 

Pla merci ! grand merci ! bien merci ! Tout siaud, tont doucement (siaud signifie silencieux). Râi, rait, facilement (analogie avec l'anglais right, aisé, droit, facile et avec le roman verai, devenu vrai et rai.

    Ex. : acô râit ! c'est facile ! ce n'est pas malin ! 
    tu râi ! tu n'es pas en peine ; tu t'en tireras bien ! 
    jou rai ! je me tirerai d'affaire ; je ne suis pas embarrassé ! 
    Sustout, surtout. Ex. : e sustout, couito-te ! et surtout, dépêche-toi. 
    Ensemble, ensemble. Ex. : y anirém ensemble : nous irons ensemble. 
    A masso, ensemble, en masse. Ex. : toutis à masso : tous ensemble 

(à la fois).

    Tout just, justoment, justement, précisément. 
    Ric à ric, strictement. Ex. : a countat ric à ric : il a compté strictement. 


    Pla prou, bien assez. Prou pla, assez bien. 
    Tant pis, tant pis. Ex. : tant pis se se perd : tant pis s'il se perd. 
    Ta milhou, tant mieux. On dit souvent à mièi dans le même sens. 
    Esprés, exprès, exprès. Ex. : ag ai pos fèit exprès : je ne l'ai pas fait 

exprès, à dessein.

    Sinou, sinon. Ex. : bendràs ou sinou ! tu viendras ou sinon ! 
    Exemples divers 
    Mès (ou tant mès) gagno, méns despenso : plus il gagne, moins il 

dépense.

    Quand pu bèlo es la roso, pu bèlo es l'espino : plus belle est la rose et 

plus belle est l'épine.

    Y ac diguec mès de tres cops : il le lui dit plus de trois fois. 

Grata à l'endarè : gratter en arrière (comme les poules).

    Y anguègues, saquelà ! tu y es allé, tout de même ! 

Alabets sa diguègui jou : alors dis-je.

    Eh dounc ! sa dits : eh donc! dit-il. 
    Eh bé ! y parlaras ? eh bien ! lui parleras-tu ? 
    Yè belèu ! Eh ! peut-être ! 
    Bendras, tu tabés : tu viendras, toi aussi. 
    Y anirai pos, jou tapauc : je n'irai pas, moi non plus. 

D'aplec (bien appliqué), d'un bond, tout juste. D'arréu, à la file, en rang, coup sur coup.


    — 404 — 
    Tout à la dousso, tout doucement. 
    Rang, rans, près de. Ex. : rans de tu, à rang de tu: tout près de toi. 
    De dreit, tout droit. Ex. : s'es coupat de droit : cela s'est coupé bien 

droit (régulièrement).

    De trabès, de guinguès, de travers. 
    Al dreit, à l'endroit. Ex. : aquel drap es pelut al dreit : ce drap est 

velu à l'endroit.

    Al rebès, à l'envers. Ex. : es négre al rebès : il est noir à l'envers. 
    De malobiro, avec peine. Ex. : fas pla de malobiro : tu le fais avec 

peine, mal à l'aise.

    Un tantsipu, un tant soit peu, un tout petit peu 
    Aro, tant souloment, tant just, bénes ! maintenant, seulement, tu 

viens !

    A remarquer les adverbes suivants, dérivés d'adjectifs ou substantifs 

féminins pluriels :

    De bounos, tout de bon, sérieusement ; 
    De badinos (ou esprès), en badinant, pour rire ; 
    De roudados, en roulant ; 
    Alménsos, au moins ; 
    A mièjos, à moitié, de moitié ; 
    A pénos, à peine ; 
    A palpos, à tâtons ; 
    A reculos, à reculons ; 
    D'amagados, en cachette; 
    A gratipaudos, à quatre pattes ; 
    D'escapados me salbègui, à la dérobée je me sauvai ; 
    A puntetos, en se hissant sur la pointe des pieds ; 
    De boucos en jous, sens dessus dessous (la bouche en dessous). 
    CHAPITRE X 
    PRÉPOSITION 
    Voici une liste des principales prépositions : 
    De, de, d' devant une voyelle. Ex. : es un counsélh d'amic : c'est un 

conseil d'ami. A, à ; pér, par, pour. Sur, sus, su, sur, au-dessus de. Dessus, per dessus, dessus, par dessus.


    — 405 — 
    Jous, dijous, per dijous, sous, dessous, par dessous. 
    Dins, dadins, dedins, dans, dedans. 
    Bers, debets (debès), vers. 
    Près de, prep, près de, proche. 
    En, en. Ex. : en estiu : en été. 
    Abants, abant, abans, avant ; dabants, dabans, per dabant, par devant. 
    Après, aprets (aprep à Toulouse), après. 
    Countro, contre ; seloun, selon. 
    Despei, desempei, depuis. 
    Ande, ambe, amb', am', an', avec. 
    Sensé jou, sans moi ; sans foc, sans feu. 
    Foro, hors de, sauf, excepté (foro él, excepté lui). 
    A causo de, à cause de (peu employé). 
    On trouve parfois : pramo de tu : pour l'amour de toi ; ou exprès per 

tu : exprès pour toi.

    A coustat de jou, de costo jou, à côté de moi. 
    En faço, bis à bis, en face, vis à vis. 
    Darrè, derrière ; perdarrè, par derrière. 
    Afin de, ande, afin de, pour ; ande béire se bè, pour voir s'il vient. 
    Quant à, quant à ; ou per quant à jou, quant à moi. 
    On dit aussi : so (sou) que de tu : quant à toi, pour ce qui est de toi. 
    Entre, entran, entre, parmi. Ex. : entran tu è el : entre toi et lui. 
    Demets, demès, entre, au milieu de. 
    Jusco, juscos, dincos, jusqu'à, jusques. 
    Alloc, au lieu, à la place. Ex. : alloc de tu : au lieu de toi. 
    En guiso de, au lieu, en guise de. Ex. : en guiso de pa : en guise de 

pain.

    Chez, chè, chez. Ex. : chez el, chez lui ; chè tu, chez toi. 
    En (an) so, chez. Ex. : en so miu : chez moi ; en so nostre : chez 

nous. On dit aussi : enco de jou, chez moi.

    En so de (enco de), chez. Ex. : en so de Janou : chez Jean. 
    Enta, chez. Ex. : enta 'l faure : chez le forgeron. 
    En despièit de, en dépit de, malgré. 
    Malgré (malgrat), malgré. 
    Per grat ou per forso, de bon gré ou par force. 
    Tout à part acô, tout sauf cela. 
    N. B. — La préposition à prend un n euphonique devant él, élo, 

aquel, aquélo, qui commencent par un a.

    Ex. : réponds-lui (à lui) : respoundsi an el ; 
    dis lui, à cette femme : ditsi an aquelo fenno; 

que faire à cela? que fè an acô ?


    — 406 — 

CHAPITRE XI

    CONJONCTION 
    Principales conjonctions : 
    È (1), et. Ex. : ornes è fennos : hommes et femmes. 
    Ou, ou. Ex. : bielh ou joube : vieux ou jeune; tu ou jou : toi ou moi. 
    Ni, ni. Ex. : ni tu ni jou : ni toi ni moi. 
    Siô, soit. Ex. : siô élo, siô tu : soit, soit toi. 
    Quand, quand. Ex. : quand ès bengut : quand tu es venu. 
    Mès, mais. Ex. : y bau, mès tournarai lèu : j'y vais, mais je reviendrai 

bientôt.

    Or, or ; pourtant, pourtant. 
    Donne, douncos, donc. Eh dounc ! que disèts ? eh donc ! que ditesvous 

?

    Se, si ; que, que (l'e final s'élide, comme en français, devant une 

voyelle).

    Ex. : s'ac bouliôs dire : si tu voulais le dire ; 

s'élo bol parla : si elle veut parler.; te disi qu'a rasou : je te dis qu'il a raison.

    Mès que, pourvu que. Atendrai, mès que bengos : j'attendrai, pourvu 

que tu viennes.

    Mes que, puisque. Mès que t'ac (ag) ai dit : puisque je te l'ai dit. 
    Mentre que, baste que, pourvu que. Mentre que, baste que siô dintrats : 

pourvu qu'il soit rentré.

    Mentre que, pendant que. Mentre que sourtiras : pendant que tu 

sortiras. Mentre qu'escriurai : pendant que j'écrirai.

    De sorto que, de sorte que. 
    Par rapport que, parce que, à cause. 
    Per que, afin que, pour que, afin que. 
    Per que, per so que, parce que (pasque), parce que (2). 
    A remarquer l'emploi de perque, comme en espagnol porque, dans 

le sens de pourquoi, pour que et parce que.

    Puisque (pusque), d'abord que (3), puisque, vu que. 
    (1) On écrit phonétiquement è et non et ; cette dernière forme ne s'emploie que pour 

exprimer en gascon l'article ou le pronom le, lui.

    Ex. : et hilh, le fils ; et courbas, le corbeau ; per et, pour lui. 
    (2) Les dernières formes sont des gallicismes très usités à Foix. 
    (3) Gallicismes. 


    — 407 - 
    Pourtant (pertant), pourtant, cependant. 

Dalhurs, d'ailleurs. A prempaus, à propos. Per pauc que, pour peu que. Crénto que, de crainte que. Sense que, sans que.

    Coumo, comme. Ex. : ardit coumo tu : hardi comme toi. 

On dit aussi cou (familier). Ex. : salbatje cou'n loup : sauvage comme un loup.

    CHAPITRE XII 
    INTERJECTION 
    Le languedocien parlé à Foix, comme les autres dialectes méridionaux, 

offre un assez grand choix d'interjections :

    Oh ! ah ! ay ! oy ! ouy ! hôu ! hèu ! ah çà ! bah ! bêh ! (pouah !) jà ! 

ah jà ! Le mot jà s'emploie encore comme synonyme de bâste ou de baudoment ! (Puisse! ou plaise à Dieu que... !)

    Ex. : jà benguèsse ou bâste benquèsse ! puisse-t-il venir ! 

baudoment partesso ! puisse-t-il partir !

    Eh bè ! eh bien ! houp ! hop ! ouf! pouf! pif! paf! chut ! ch't ! 

Yè très employé pour eh ! Ex. : yè oui ! eh oui ! Yè sert aussi à marquer la surprise : yè ! (ah ! oh !).

    Ex. : yè ! disiots douncos : oh ! vous disiez donc ; 

yè ! pas bessè ! non, pas peut-être ! oh non !

    Jésus ! qui devient suivant les cas : chêsus ! chôsus ! chês ! chos ! 

jôsus ! jôs !

    Diable! al diable ! au diable ! 
    Diantres ! diantre ! bigre ! 
    Biettase ! et plus poliment biettaré, yettaré ! 
    Adiu! adius ! adieu ! (familier, en s'adressant à une seule personne). 
    Adisiats! adiusiats! adieu! (respectueux, ou en s'adressant à plusieurs 

personnes).

    Bounjoun, bonjour ; bounsouèr, bonsoir ; bouno nèit, bonne nuit. 
    Salut ! salut ! parblu ! parbluro ! parbleu ! pardi ! 
    Tapla ! tapla matéich ! aussi bien ! tout de même ! 
    Garo ! gare ! piètat ! pecaire ! pitié ! 


    - 408 — 
    Aném ! allons ! arrè ! arrière ! 

Per mou fé ! par ma foi ! Aro ba ! allons ! bien ! ça va !

    Que dises, hou? (pron. hôou ') : eh là-bas ! que dis-tu? 

Ohé ! hop ! hèp ! l'ome ! ohé ! hé ! là-bas l'homme ! Hèu ! la fenno ! ohé ! hé ! la femme !

    Hîo ! hî ! hitti ! cris des charretiers pour exciter les chevaux. 

Arrè ! harri ! cho ! là ! oh ! cris des charretiers pour faire reculer ou arrêter les chevaux.

    Tito ! tito l tè ! tè ! béne! béne ! cris pour appeler les poules. 
    Bèlos! bèlos ! cris pour appeler les oies. 
    Tirous ! tirons ! cris pour appeler les canards. 
    Pet de prigoul ! pet de pericle ! foc del cet ! tonnerre ! feu du ciel ! 
    Ces expressions, et notamment la dernière, sont encore usitées pour 

désigner les montagnards de l'arrondissement de Foix qui les emploient à tout bout de champ.

CHAPITRE XIII

    SYNTAXE 
    Syntaxe de l'article, du substantif et de l'adjectif 
    Comme nous l'avons dit dans notre Avant-propos, les règles de la 

grammaire française, simplifiées tout récemment en ce qui concerne la syntaxe, sont généralement observées dans le dialecte fuxéen.

    Nous indiquons ci-après les principales exceptions à ces principes : 
    1° Emploi abusif de l'article. 
    Ex. : dilus al souèr, douma 'l souèr : lundi soir, demain soir. 

sirà pos le dit qu'y anirai : il ne sera pas dit que j'irai ; eh ! digats, la fenno ! Eh ! dites, brave femme !

    2° Le genre des noms ne comporte pas les mêmes anomalies qu'en 

français ; il reste constant.

    Le mot gens, par exemple, est toujours féminin, quelle que soit sa 

position.

    On dit : las gens, las brabos gens, las gens pauros è ounestos 
    3° Position de l'adjectif avant ou après le substantif, contrairement 

à l'usage français.

    29 


    — 442 — 
    Ex. : un pa petit : un petit pain ; argent biu : du vif argent ; 
    uno fenno bièlho : une vieille femme ; la mésso grando : la 

grand'messe.

    4° Forme différente de l'adjectif, suivant sa position dans la phrase. 
    Ex. : un plén paniè et un paniè plé : un plein panier ; 

un fin oubriè et un oubriè fi : un fin ouvrier ; un boun cop et un cop bou : un bon coup.

    5° Emploi d'un nom à la place d'un adjectif. 
    Ex. : es bertat (m. à m. c'est vérité), pour c'est vrai ; 
    fa calou (m. à m. il fait chaleur), pour il fait chaud. 
    6° Omission de l'adjectif (possessif ou autre). 
    Ex. : as le moucadou à la pocho : tu as le mouchoir à la poche ; 

ai debrembat le capel : j'ai oublié mon chapeau ; s'es tirat la besto : il a quitté sa veste ; qu'as feit del mântou? qu'as-tu fait du (de ton) manteau ; ai bist menino, aneit : j'ai vu ma marraine, celte nuit-ci ; d'ouro, de maiti : de bonne heure, de grand matin.

    7° Transposition ou abus des pronoms. 
    Ex. : y ac dirai : je le lui dirai (m. à m. à lui le dirai) ; 

pracô fè : pour faire cela (m. à m. pour cela faire) ; te bouldriô béire : je voudrais te voir (m. à m. je te voudrais

    voir) ; 

la te douni : je te la donne (m. à m. je la te donne) ; l'an bengut querre : on est venu le chercher (m. à m. on l'est

    venu chercher) ; 

y a pos dit rés : il ne lui a rien dit (m. à m. il ne lui a dit rien) ; y boli pos ana : je ne veux pas y aller (m. à m. je n'y veux pas

    aller) ; 

me fumabo à constat : il fumait à côté de moi (m. à m. il me

    fumait à côté) ; 

se te m'arrinquec un pal barriè per truca l'ase : il (se te m')

    arracha un bâton de la haie pour frapper l'âne ; 

y beniôn darrè : ils venaient derrière lui (m. à m. ils lui venaient

    derrière) ; 

qu'y bos paria? que veux-tu (y) parier ? te pos causi : tu peux choisir, (m. à m. tu peux te choisir) (pour

    toi); 

m'ac soum pensat : je l'ai pensé (m. à m. je me le suis pensé).


    — 443 — 
    7 bis Nous avons mentionné, en temps voulu, la suppression des 

pronoms-sujets.

    Ex. : bénes dejà ! tu viens déjà ; sirà téns : il sera temps. 

8° Pronoms indéfinis (accord, faux emploi).

    Ex. : es touto de trabèts : elle est tout de travers ; 

soun toutis cambials : ils sont tout changés ; la fenno n'èro tabès : la femme l'était aussi.

    9° Emploi particulier des pronoms possessifs. 
    Ex. : aquel capel es miu : ce chapeau est à moi (mien) ; 
    aquélis souliès soun tius : ces souliers sont à toi (tiens) ; 
    aquélo fardo es bostro : ces vêtements sont à vous (vôtres) ; 
    les droullots an perit sous debasses : les enfants ont sali leurs 
    (ses) bas ; 

anem noun an so nostre : allons-nous en chez nous.

    Syntaxe du verbe 
    1° Modes ou temps différents (présent du subjonctif au lieu du futur, 

conditionnel pour l'indicatif, etc).

    Ex. : quand siò à Paris : quand il sera à Paris ; 
    un cop que siòs partit : une fois que tu seras parti ; 
    quand AJES acabat : quand tu auras achevé ; 
    BÉNES douma ? viendras-tu demain ? 
    SIRIÒS cansat ? es-tu fatigué ? 
    que BOULDRIÔS ? ? que te CALDRIÒ ? que veux-tu ? que te faut-il ? 
    s'ac BAU sapié : si je l'avais su. 
    Emploi fréquent, abusif même, du passé défini. 
    Ex. : aqueste maiti, manjègui sense béure : ce matin je mangeai sans 
    boire (pour j'ai mangé). 

On dira toujours y anguégui pour traduire j'y fus ou j'y ai été.

    2° Verbes auxiliaires différents. 
    Ex. : A pos bengut digus : il n'est venu personne ; 

digus nou ES bengut : personne n'est venu ;

    Voir chapitre VI 

(Pronoms indéfinis).

    S'ES cambial de capel : il a changé de chapeau ; 

pauc s'en A mancat : peu s'en est manqué ; bei qu'Es de lèse : aujourd'hui que tu AS le loisir ; s 'A fèit mal à la camo : il s'est fait mal à la jambe ;


    — 444 — 
    m'en soum fèit dous sòus : cela m'a coûté deux sous ; 
    t'en ac as fèit : c'en est fait pour toi ; 
    SOUM estat malaut : j'ai été malade ; 
    ÈRO estado à Paris : elle avait été à Paris ; 
    S'ÈROS estat sage : si tu avais été sage ; 
    s'ac BA dire (m. à m. s'il va le dire) pour s'il l'avait dit. 
    3° Dans les expressions c'est, ce sont..., le verbe reste habituellement 

au singulier ; le pronom ce peut se rendre par acò ou aquo qui s'abrège quelquefois en qu' ; le plus souvent, il ne s'exprime pas.

    Ex. : es jou, es pos el : c'est moi, ce n'est pas lui ; 
    ES caulets ou acò 's caulets : ce sont des choux ; 

es tu qu'ac as fèit (acò 's tu) : c'est toi qui l'as fait ; acò 's tu dejà ou qu'es tu dejà ! c'est toi, déjà ! fa pos rés : cela ne fait rien.

    N.B. — On dit inversement : SOUN sept ouros pour il est sept heures. 
    4° Dans les phrases, où le complément direct est déjà annoncé par un 

pronom personnel placé avant le verbe, le régime lui-même est parfois précédé, comme en espagnol, de la préposition à.

    Ex. : m'aimaras A jou tabés ? tu m'aimeras (à) moi aussi ? 

l'as bist AN aquel orne ? l'as-tu vu (à) cet homme ? per que l'as trucat AN aquel droite? pourquoi l'as tu frappé (à)

    cet enfant ? 

t'a pos coubidat A tu tapauc : il ne t'a pas invité (à) toi non plus.

    5° Verbe intransitif rendu par un verbe transitif ou réfléchi et viceversâ. 


    Ex. : se cambiec de capel : il a changé de chapeau ; 

s'es cambiado de plasso : elle a changé de place. pot pos dintra le pè dins aquel soulié : il ne peut faire entrer

    son pied dans ce soulier ; 

bous crési pos à bous tapauc : je ne vous crois pas vous non plus. me soum pensât que : j'ai pensé que ; se crets de gari : il croit guérir ; m'estimi mes pati : je préfère souffrir ; l'aigo qu'a besougn : l'eau dont il a besoin ; l'aigo qu'y fa besougn : l'eau qui lui fait besoin ; l'aigo qu'y fa frèito : l'eau qui lui manque ; en ibèr, me gelabo : en hiver, je gelais.

    N. B. — On dit indifféremment : m'EN soubéni, m'EN brembi, et 

m'EN rapèli:


    — 445 — 
    6° Le participe passé s'accorde avec son régime, quand il en est 

précédé (1) (voir chapitre VIII).

    Ex. : la fenno qu'ai bisto : la femme que j'ai vue ; 

les libres qu'as legits : les livres que tu as lus.

    Dans le langage courant, cette règle n'est pas rigoureusement observée. 

Les participes été, voulu, pu, fait... sont variables, le cas échéant, comme les autres participes ; ce dernier, fait, l'est même devant un infinitif.

    Ex. : s'es FEITO beire : elle s'est fait voir ; 
    bous ets FEITIS besti : vous vous êtes fait habiller ; 
    la fenno es ESTADO malauto : la femme a été malade ; 
    y soun POUSCUTS ana : ils ont pu y aller ; 
    les a BOULGUDIS beire : il les a voulu voir (eux) ; 
    las abets POUSCUDOS siègue : vous les avez pu suivre (elles) ; 
    On dit aussi : la filho s'es PERIDO la fardo : la fille s'est sali les 

vêtements.

    7° Emploi d'un verbe pour un adverbe, ou pour un adjectif. 
    Ex. : tres ouros MANCO un quart : trois heures moins (manque) un 

quart ; dasiè passat (avant-hier) ; douma passat (après-demain) ; l'an que bé (l'an prochain).

    8° Locutions verbales : 
    Per beire (pour voir) peut s'employer à toutes les personnes. On 

l'appuie, parfois, par l'expression bejàm, voyons !

    Ex. : per beire les imajes : faites-moi voir les images ; 
    bejàm ! per beire se bendra : voyons ! allons voir s'il viendra. 

per beire se reüssiras, bejàm ! voyons si tu réussiras.

    9° L'idée de réitération, marquée en français par le préfixe re, s'exprime 

par le verbe tourna (retourner, revenir).

    Ex. : tourna fè, refaire ; tourna dire, redire ; tourna mounta, 

remonter.

    (1) Dans l'ancienne langue, comme actuellement en italien, on trouve des exemples 

montrant que le participe passé s'accordait avec son régime direct, même quand celui-ci le suivait : ai bisto la letro (italien : ho veduta la léttera).


    — 446 — 
    Syntaxe de l'adverbe 
    Position différente, abus ou suppression de l'adverbe. 
    Ex. : digus MES : plus personne ; rés PUS : plus rien ; 

bal mes ou balmilhou : il vaut mieux ; jou è tu, e mes élo : toi et moi et même elle (aussi) ; es pu brabe que pensabots : il est plus brave que vous ne pensiez ; me fumabo à coustat : il fumait à côté de moi ; y bos ana? n'ai pos gaire : veux-tu y aller ? je n'en ai guère ; QUANT (tant) mès gagno, d'EN mès despenso : plus il gagne,

    plus il dépense; 

y demandec SE ount anabo : il lui demanda où il allait ; s'estimo MÈS uno sôbo que noun pas un sou : il aime mieux une

    pièce de deux sous que (non pas) un sou ; 

un soul nou n'ajec pos cap : un seul n'en eut point.

    Syntaxe de la préposition 
    Prépositions différentes, abusives ou supprimées. 
    Ex. : mal DE cap : mal à la tête ; 
    uno soupo DE caulets : une soupe aux choux ; 
    quicom mes : quelque chose de plus ; 
    EN tout joug an : tout en jouant ; 
    perque beni AMBE un tens parelh ? pourquoi venir par un 
    pareil temps ; 

arribec AMBE la neit : il arriva de huit, à la nuit ; es passât per Fouix : il est passé par Foix ; es partido per Pamios : elle est partie pour Pamiers ; DE qui es aquel libre ? à qui est ce livre ? es miu ou tiu ? est-il à moi ou à toi ? es DE la tiu maire : il est à ta mère ; toumbec d'esquino : il tomba sur l'échine (sur le dos) ; aimo pla DE fè pòu : il aime bien à faire peur (à effrayer) ; poudiòn pos fè DE mens : ils ne pouvaient faire moins ; ta crabato es DE dreit : ta cravate est droite (bien mise) ; a pos mounat crento DE jou : il n'a pas soufflé mot par crainte

    de moi ; 

toumbec PEL sol : il tomba à terre ;

    m'a pios dit res pus mès : il ne m'a dit rien de plus (ou plus rien) ; 

abans DE joun : avant le jour ;


    — 447 — 
    abans QUE tu : avant toi ; 
    s'aprouchec à PROU péno : il approcha à peine ; 
    adès, TANT souloment : tout à l'heure seulement ; 
    très cops l'an : trois fois par an ; 
    PER ta paure que siò : (pour) si pauvre qu'il soit ; 
    acò 's pos de fè : cela n'est pas à faire (ne doit pas se faire) ; 
    le tres DE febriè : le 3 février ; 
    se cresiò DE gari : il croyait guérir ; 
    es DE boun manja : c'est bon (facile) à manger ; 
    es DE plagne, le paurot ! il est à plaindre, le pauvre petit ! 
    fan trucat A tu tabés? on t'a frappé, toi aussi ? 
    hep ! l'ome DE la topo ! ohé! holà! l'homme à la casquette! 
    Syntaxe de la conjonction 
    Emploi de conjonctions différentes, abusives. 
    Ex. : es pu fort que tu NI (1) jou : il est plus fort que toi (ni) et moi ; 

y digats pos res, QUE bous balriò : ne lui dites rien, car il vous

    battrait ; 

on a bel QUE fè : on a beau faire ; l'orne Qu'èro malaut : l'homme était malade ; SE cantaras ? chanteras-tu ?

    N. B. — Après la conjonction si, on se sert, comme en français, de 

que, pour continuer la phrase et éviter de répéter si.

    Ex. : se tourni è QUE siòs arribat : si je reviens et que tu sois arrivé. 
    Pléonasmes 
    Sor deforo : sors dehors ; 
    mounto naut : monte en haut ou là-haut ; 
    dintro dedins : entre dedans ; 
    se per cas y bau : si, par cas, j'y vais ; 
    bé d'arriba TANT souloment : il vient seulement d'arriver ; 
    l'ai attenant uno ouro DE TENS : je t'ai attendu une heure ; 
    aquel droite, L'an courroussat : cet enfant, on l'a grondé ; 
    à tu TE semblo que ba neba : il te semble (à toi) qu'il va neiger ; 
    acò 's à jou que M'ac diguec : c'est à moi qu'il (me) l'a dit. 
    (1) L'emploi de ni dans ce cas a été constaté par Rayaouard et Dietz dans le provençal 

ancien.


    — 448 — 
    CHAPITRE XIV 
    IDIOTISMES 
    Nous avons groupé, dans le présent chapitre, un certain nombre d'expressions 

et de tournures particulières, souvent familières, à vrai dire, mais très usitées dans le dialecte fuxéen.

    La nomenclature suivante est classée d'après l'ordre alphabétique du 

mot le plus saillant de chaque expression ou phrase.

    A 
    Bei, soum tout acaferat : Aujourd'hui, je suis fort affairé. 
    S'en anec cap acatchat : Il s'en alla, la tête basse. 
    Le mestre l'acibadabo de trucs è patacs : Le maître le rouait (son 

âne) de coups (en guise d'avoine).

    Aco fa qui (tchi) pot : Fait cela celui seul qui en a les moyens. 
    Aco pla ! ja y mancabo : Voilà bien ce qui lui manquait ! 
    S'es afartat de mounjos : Il s'est (goinfré) rassasié de haricots. 
    Dins l'afè de dous jouns : Dans l'espace (l'affaire) de deux jours. 
    Pintabo un uchau d'aigordent : Il buvait (pintait) un demi-litre d'eaude-vie. 


    Es trop aissable aquel drolle : Il est trop désagréable cet enfant. 
    Chos ! quino aleganto ! Jésus ! quelle ennuyeuse importune ! 
    Almensos que bengue ! Au moins qu'il vienne ! 
    Ac fègui d'amagados : Je le fis en cachette. 
    Tournats-boun amasso : Revenez-vous en ensemble. 
    A estrabuncat è s'es amourricat : Il a trébuché et est tombé (la figure 

la première).

    Tourno-t'en an so nostre : Reviens-t'en chez nous, à la maison. 
    N'y a and' un : Il y en a pour un (gros effort) ; c'est une grosse affaire. 
    Baste benguesso aneit ! Ah ! s'il pouvait venir cette nuit, ce soir ! 
    Le leitou qu'apelam : Ce que nous appelons le petit-lait. 
    La paret s'aploumbo : La muraille se tasse (sous son propre poids). 
    Atén, grapaud, qu'apounchi un broc ! Attends un peu, gredin, je vais 

te secouer (je prépare un bâton ; je lui fais la pointe).

    Bal pos un ardit : Il ne vaut pas un liard (c'est un fripon). 
    Quin arsou d'orne ! Qun arpissou ! Quel homme embêtant ! Quel 

crampon !


    — 449 — 
    L'ase te fique se y ac dirai : Je t'assure bien que je ne le lui dirai pas. 

M'anats arrouina debi : Vous allez (me ruiner) m'achever tout mon vin. Nou fan que s'arroussega : Ils ne font que se traînailler. Bè-t'en asoumbra al bosc : Va te mettre à l'ombre dans le bois. Atenciu de te peri la fardo ! (Fais) attention de te salir les vêtements ! Cargno pla l'aujam des tirous : Il criaille bien le troupeau des canards. Aquelis fègnants l'an asountit : Ces fainéants l'ont agonisé de sottises.

    B 
    B'ac diguec, bel tens a : Oui, il l'a bien dit, il y a longtemps. 
    Aquel patut, ne babo d'embejo : Ce maladroit! il en bave d'envie. 
    Ja tournarem l'an que be : Certes, nous reviendrons l'an prochain. 
    Fasets g'oc per un be de pats : Faites-le pour avoir la paix. 
    Per beire se se despertara : Voyons s'il se réveillera. 
    Eh be ! d'ount benets ? bejam ! Eh bien ! d'où venez-vous ? voyons ! 
    Es uno camtorto, bertat ? C'est une violette, n'est-ce pas ? 
    Bestio à nou poudé mes : Bête (sot) à n'en plus pouvoir. 
    N'ai un biatje ; quno cargo ! J'en ai assez (un voyage) ; une vraie 

charge !

    Auras un boun bietase : Tu auras un bon viédase, rien du tout ! 
    Ajec acabat en un birat de ma : Il eut achevé en un clin d'oeil (en un 

tour de main).

    Me fasquec prou bisca : Il m'a fait assez enrager. 
    S'en abiò pla bist dins sa bido : Il avait beaucoup trimé dans sa vie. 
    Le n'an assadoulat de blat d'ase : On l'en a régalé de coups de bâton 

(de blé d'âne).

    L'ausel bolo : L'oiseau vole (en l'air). 
    Le boulur pano : Le voleur vole (dérobe). 
    Quin ba la boto ? Comment va la santé (la botte) ? 
    Sus bouco de neit : A la tombée de la nuit. 
    Es toumbat de boucos en jous : Il est tombé sur la figure (la bouche 

vers la terre).

    Qun birobèten ! Quel désordre ! ou quel désordonné ! 
    M'ac diguec de bounos : Il me l'a dit sérieusement (pour de bon). 
    A atrapat la bourro : Il est soûl (il a attrapé une paille, un plumet). 
    Es escriut gros, es de boun legi : C'est écrit en gros caractères ; c'est 

aisé à lire.

    Boudius ! A pos dichat la lengo al brès ! Bon Dieu ! Quel bavard ! Il 

n'a pas laissé sa langue au berceau !

    Aquel bielh bourniquel ! Ce vieux borgne ! 


    — 450 — 
    Ta pla mateich, qun bourrosoupos ! Tout de même ! quel mangeur 

de soupe !

    Un brabe pauc pus legn : Un bon bout de chemin plus loin. 
    Ero pos brico cansat : Il n'était pas du tout fatigué. 
    Les elhs li fasion brumadelhos : Les yeux lui clignotaient (étaient 

embrumés).

    C 
    Es la pel de Caïn ou del diable : C'est inabordable (rare, cher, trop 

chaud) comme la peau de Caïn.

    Alabets, ça diguègui jou : Alors, dis-je de mon côté. 
    Ne tenes uno de cagno ! Tu en as une (chienne) fameuse de paresse ! 
    S'es bestit de cado joun : Il s'est vêtu comme d'ordinaire (non endimanché). 


    La baujo s'èro cambiado de camiso : La folle avait changé de chemise. 
    S'en fugic camos ajudats-me : Il s'est enfui à toutes jambes. 
    Se bouto à canta que cantaras : Il se met à chanter tant et plus. 
    Aquel mountagnol s'estalbiabo la capeto : Ce montagnard ménageait 

son manteau (sa cape).

    Espèsso de capmorri, bê ! Espèce de grand têtu ! niais ! va ! 
    Aco tiò, jà sira carano : Cela oui ! ce sera crânement remarquable ! 
    Fasiò uno caro (uno mourro) de dous pams : Il faisait une moue 

(longue) de deux empans.

    L'ai troubat tout carantourit : Je l'ai trouvé tout abattu (par la fièvre) 

[fièvre se dit calenlura en espagnol].

    Qun cartipel, aquel oumenas ! Quel carcan, cette femme (hommasse) 

!

    La drollo es pla catsado, reeattado : La fillette est bien mise (soignée, 

rangée).

    Estirat à la caus d'un garric : Etendu au pied d'un chêne. 
    Quin chaupic dins la carriero ! Quel gâchis (de boue) dans la rue ! 
    La crambo es clabado : La chambre est fermée à clef. 
    La gleiso éro claufido de gens : L'église était bondée de monde. 
    A quicom jous la cofo : Il a de la cervelle ; il est têtu ou intelligent. 
    Y abiô une colho de drolles : Il y avait une bande de gamins. 

Se fara coltorse, aquel poulh : Ce coq se fera tordre le cou.

    Y aniras d'un cop de pè : Tu iras d'un coup de pied, en promenant. 

De cops canto, de cops fiulo : Tantôt il chante, tantôt il siffle. Bouliô manja à res noun cost : Il voulait manger sans bourse délier. Es salbatje cou 'n loup : Il est sauvage comme un loup.

    Me couitègui del soucali : Je me hâtai de le secouer. 

Bas coupa le goubelet : Tu vas casser le verre (gobelet).


    — 451 — 
    Escusats se bous coupi : Excusez-moi si je vous interromps. 
    S'en fugiguen al mes courre : Ils s'enfuirent à toutes jambes (à qui 

courrait le plus).

    Me fumabo à coustat, casi joul nas : Il fumait à côté de moi, presque 

sous mon nez.

    Fasion le joc de coutorbo : Ils jouaient à colin-maillard. 
    Se crebabon la pel de rire : Ils (se) crevaient (la peau) de rire. 
    Le carrejabon à crabit-crabot : On le portait à califourchon sur le dos. 
    Cal fè un pic (uno osco) al cremalh : Il faut faire une marque à la 

crémaillère (pour marquer une chose extraordinaire).

    L'a pos trucat crento de jou : Il ne l'a pas battu par crainte de moi. 
    Jà s'en cresio, aquelo fado ! Elle s'en croyait, cette vaniteuse ! 
    Fa uno fret... un foutrai de fret que torro! soum croc! Il fait un froid ! 

il gèle ; j'ai les mains gourdes.

    Es bi de croumpo : C'est du vin (d'achat) acheté. 
    La droulloto n'es tant just à la crouts : La fillette en est seulement (à 

la croix) à l'alphabet.

    Tout tremoulant coumo uno cugo de baco : Tout tremblant comme la 

queue d'une vache.

    Ai pla cujat y passa : J'ai bien failli y passer (mourir). 
    Es un paucot curolos : Il louche un peu (comme un chien qui regarde 

l'os qu'il en train de curer).

    Aquel cussou ! y fa dol l'argent : Ce grigou ! il pleure l'argent (il lui 

fait deuil).

    D 
    L'ai coubidado an dansa uno : Je l'ai invitée à en danser une (pour 

une danse).

    Abiô la dansèro : Il avait une forte envie de danser. 
    Es tournat dasiè passat : Il est revenu avant-hier. 
    Beni de delà : Je viens de la chambre voisine (de l'autre côté). 
    De dintra, se tiro la topo : Aussitôt entré, il tire sa casquette. 
    Ajec lèu fripat soun deque : Il eut bientôt gaspillé (fripé) son avoir. 
    Qun calimas ! Soum desalentat : Quelle chaleur lourde ! Je suis 

essoufflé.

    Me fariôs desparla : Tu me ferais mal parler (dire des sottises). 
    L'auriô batut de tant de pou que m'a feit : Je l'aurais battu tant il m'a 

fait peur !

    Ta crabato es de dreit : Ta cravate est (droite) bien mise d'aplomb. 
    Es feit de la pel del diable : Il est fait de la peau du diable, c'est-àdire 

il est méchant, il a de mauvais instincts.

    Es pla talat, me fa dol : C'est bien dommage ; je le regrette bien. 


    — 452 — 
    Bendra douma maiti : Il viendra demain matin. 

Arribo douma al souèr : Il arrive demain (au) soir. Sira aici douma neit : Il sera ici demain soir (à la nuit). Ac farem douma à la brespado : Nous le ferons demain après-midi. Y aniras douma passât : Tu iras après-demain. Soum estat dreit tout dasiè : Je suis resté (droit) debout tout hier (toute la journée d'hier).

    S'en tournée tout à la dousso : Il s'en revint tout doucement. 
    A mersat sous diniès (dignes) : Il a dépensé son avoir (ses deniers). 
    E 
    Toutjoun descaus, y es egal la plèjo : Toujours nu pieds, peu lui 

importe la pluie.

    Eh be ! t'es pos eichinat : Eh bien! tu ne t'es pas éreinté (échiné). 
    Aco 's tu, èdious ! C'est toi seulement ! ce n'est que toi ! (pas plus !) 
    Calho-te un chic, que m'eichourdos ! Tais-toi donc un peu ; tu m'assourdis 

!

    Prou! prou! que m'embaranats ! Assez! assez! vous me cassez la tête! 
    N'y fasiôn embejetos : On lui en donnait envie (le désir). 
    Anirets endacom mes ? Irez-vous ailleurs (autre part) ? 
    Las galinos graton à l'endarrè : Les poules grattent en arrière. 
    Qu'es auriu Matiu ! Ta pla s'en debé : Qu'il est grincheux, Mathieu ! 

(Cela rime bien ; cela s'accorde bien.)

    Pel d'endébio : Chevelure frisée (comme une chicorée, une endive). 
    Sentes l'engaumit : Tu sens le renfermé (tu fais bien de sortir). 
    Se que d'ac beire, s'engouichabo : Rien que de le voir, il en mourait 

d'envie.

    S'en trobo pos enloc mes : On n'en trouve nulle part ailleurs. 
    Fasquec ensamblan de durmi : Il fit semblant de dormir. 
    Beniô joun entre autris : Il venait de deux jours l'un (jour entre 

autres).

    Soum ensidernat : Je suis enrhumé du cerveau. 
    Anguem entai faure : Allons chez le forgeron. 
    As dichat passa l'ento : Tu as laissé passer l'heure (l'instant). 
    Ten-te à l'erbo, foutrai ! Tiens-toi à l'herbe (fais attention), farceur ! 
    Baliô pos un escalh bufec : Il ne valait pas une noix creuse (vide). 
    Ero tout escarrabilhat : Il était tout guilleret, allègre. 
    S'escarralhec sur la rampo : Il se mit à califourchon sur la rampe. 
    Uno escaderno m'a dichat aquel batedis : Une écharde de bois m'a 

laissé ce panaris.

    D'escapados se salbec : Il se sauva, il prit la poudre d'escampette. 


    - 453 - 
    Boli pos que m'escarnisques : Je ne veux pas que tu me singes 

(m'imites).

    Trucabo and'el mour del esclop : Il frappait avec la pointe (le bec) du 

sabot.

    Ac (ag) ai pos feit esprès : Je ne l'ai pas fait à dessein (exprès). 
    Aqués paubals s'espeltirabon : Ces vauriens se prenaient aux cheveux. 
    Deicho m'esta : Laisse-moi (rester) tranquille. A Foix, on appelle un 

paresseux, un insouciant, un deicho-m'esta.

    Es alà qu'estaco : Il est là-bas qui boude. 
    S'estimo mes uno sôbo qu'un sôu petit : Il aime mieux une pièce de 

deux sous qu'un sou.

    Y calguec camina uno estouno de tens : Il lui marcher une heure (en 

allemand stunde).

    Ero tout... éstre : Il était tout... chose. 
    As pos bist... éstre? N'as-tu pas vu... chose (un tel) ? 
    Es bengut... éstre (ou) d'acos? Est-il venu... chose (un tel) ? 
    As fenit... éstre (ou) so d'autre? As-tu fini... chose? (ou) le reste? 
    As estrefert ? As tu fait telle chose ? (dont l'expression n'est pas 

présente à la mémoire).

    F 
    Quno fadurlo aquelo mainado ! Quelle vaniteuse, cette enfant ! 

Es bostro aquelo fardo ? Ce linge (vêtements) est-il à vous ? Se manjariô le farnat des tessous : Il mangerait la pâtée des porcs. Es cansat de jaupa, le farou : Le mâtin (chien de berger) est fatigué d'aboyer.

    Aquel utis me fa besougn : Cet outil m' est nécessaire (j en ai 

besoin).

    L'an que be, farem patanos : L'an prochain nous (ferons) planterons 

des pommes de terre. Chaque année on est habitué à faire la même chose.

    Douma fara dous méses : Demain il y aura deux mois. 
    Es salle que fa fasti : Il est sale, il fait honte ; il est dégoûtant. 
    Fasets-bous en sa : Approchez (vous) par ici. 
    Fè-te en là, mecut ! : Écarte-toi ; va-t-en, morveux ! 
    M'en soum feit un dourou : Cela m'a coûté une pièce de cinq 

francs.

    « Eh ! douncos... », sa fasio el : « Ainsi donc... », disait-il. 
    Fa boun l'escouta : Il fait bon l'écouter. 
    Fara milhou le siègue : Il sera (meilleur) préférable de le suivre. 
    Fasio freito (freituro) à la bordo : Il faisait défaut (manquait) à 

la métairie.


    — 454 — 
    Fè me lum, siuplet : Eclaire-moi, s'il te plaît. 
    Y bos fè à las quilhos? Veux-tu (y) jouer aux quilles ? 
    Cal fè petit del froumatje : Il faut prendre modérément (un petit 

bout) de fromage.

    Me fau un maichant sang : Je me fais un mauvais sang (du 

souci).

    Fasio luno per passeja : Il faisait clair de lune pour promener. 
    S'a feit mal al denoulh : Il s'est fait mal au genou. 
    « Paure felat ! » sa diguec : « Pauvre toqué ! (fêlé), dit-il. 
    Ja piulabo prou, aquélo feramio ! Elle criaillait assez, cette furie 

extravagante !

    Ambe el, cal parla fort : Avec lui, il faut parler à haute voix. 
    B'em plaflaugnacs : Oui, nous sommes bien (mignards) délicats. 
    Yè ! qu'es le flèu ! Eh ! tu es donc le diable (le fléau) ! 
    Eron un floc de malauts : Ils étaient une foule de malades. 
    Es car ; es le foc ; es la pel de Gain : C'est trop cher, inabordable 

(comme le feu).

    Es le foc de sal : C'est démesurément salé (le feu de sel). 
    De fennos n'y abiô forso : Des femmes, il y en avait beaucoup. 
    Qun foutrai! Quel farceur! (malin, plaisant). 
    Me les gardi, freito d'autris : Je les garde, faute d'autres. 
    Eron un fum de galapians : Ils étaient une bande de vauriens 

(gueux).

    Bebiô al galet : Il buvait au goulot, à la régalade. 
    S'es pos gamat aquel fègnantas ! Il ne s'est pas crevé (surmené) ce 

grand fainéant !

    Es à gango : Il est à son affaire (il se régale). 
    S'estiro la garro al cagnard : Il se détire les jambes à l'abri ; (il bat la 

flême).

    Qun gatosiaud ! Quel tartufe ! Hypocrite (comme les chats). 
    Es mort ; es passat gendarmo : Il est mort (il est passé gendarme). 
    Aquel mecut, y fasio la gnifo : Ce morveux lui faisait la grimace. 
    Badabo coumo la gorjo d'un four : Il bâillait comme la gueule d'un 

four.

    Las filhos soun de mal goubèr : Les filles sont difficiles à diriger 

(gouverner;).

    Es goutent de susou : Il est tout mouillé (dégouttant) de sueur. 
    M'en sap pos cap de grat : Il ne m'en sait aucun gré. 
    N'en tastaras per grat ou per forso : Tu y goûteras de bon gré ou par 

force.


    — 455 — 
    S'en ban à gratipaudos : Ils (les enfants) s'en vont à quatre pattes. 
    Pastabo bren en guiso de farino : Il pétrissait du son au' lieu de 

farine.

    Qu'es poulido, aquelo griséto ! Qu'elle est jolie, cette grisette 

(ouvrière).

    Ah ! gusardas ! Ah ! méchant gueux (gredin) ! 
    J 
    Elo rait! ja bendra : Quant à elle (ne nous en inquiétons pas). Pour 

sûr, elle viendra !

    Es brabe que jamès pus : Il est si bon (qu'on n'en a jamais vu de 

si bon).

    D'aqueste m'en jauti pla : De celui-ci je m'en soucie bien (je m'en 

moque).

    Se se pot pos bèi, sira joun douma : Si ça ne se peut aujourd'hui, ce 

sera pour demain (il fera jour demain ; il en sera temps encore).

    Tant just aro, que benèts ! Maintenant, seulement !... vous venez ! 
    Labasso ; y a un fanguiè ! Il pleut à verse ; il y a une boue ! 
    Lasefico (1) se tournara ! Le diable soit s'il revient; pour sûr, il ne 

reviendra pas.

    Hep ! digats, la fenno ! Hé ! dites donc, brave femme ! 
    Bielh laupart ! Me fas bergougno : Vieux saligaud ! Tu me fais honte. 
    De gabach rait, ne lèbo tant qu'en bol : Du blé noir... il en récolte 

tant qu'il en veut.

    Y an pla coupat le lenguelh : Quel bavard ! on lui a bien coupé le 

filet (de la langue).

    Dasiè, èro pla de lèse : Hier, j'avais bien du loisir. 
    Es mort loungtens a (ou tens a) : Il est mort, il a longtemps. 

As tres cops fan las lutos : Au troisième coup de lutte, on gagne.

    M 

Es ta magre que l'aresto d'uno sardo : Il est aussi maigre qu'une arête de sardine. Es tout malcourat : Il est très affligé (il a le coeur à l'envers). Fasion pla de malobiro : Ils faisaient bien mal à leur aise.

(1) Voir le mot ase (lettre A).

N'a pos soun parelh, pla s'en manco : Il n'a pas son pareil, tant s'en faut.

Bal pos souloment un mecou : Çà ne vaut pas seulement un bout de chandelle.

Les aimo à toutis dous la mêmo causo : Il les aime tous deux également (la même chose).

L'afè jà menec brut : L'affaire (mena) fit du bruit au loin.

Ta milhou (ou) à miei, se se perd : Tant mieux s'il se perd.

Moro un chic, palot : Attends un peu, nigaud.

Es menut, es prim coumo un mifalh : Il est menu comme un moucheron.

Y a ficat uno coufado, un mifalh : Il lui a fichu une gifle, un soufflet.

Trebalhabon à mort : Ils travaillaient avec acharnement.

A pos mounat : Il n'a pas soufflé mot.

Es doulent coumo uno mounino : Il est malin (rusé) comme un singe.

Teniô une mounino ! Il était ivre (il avait un fameux plumet!).

Caliô beure à mourre de biôu : Il fallait boire à même la source (comme les boeufs).

Es sourtit y a uno mièjourado : Il est sorti depuis une demi-heure environ.

    N 

Uno colho de gens naut coufats : Une troupe de gens de la haute société (huppés).

Baliô pos res ; èro ni tu ni bous : Il ne valait rien ; ni bon ni mauvais.

Bal mes tu que noun pas jou : Il vaut mieux que ce soit toi que (non pas) moi.

    O 

Es bengut d'ouro : Il est venu de bonne heure. Bénes à l'oustal ? Viens-tu chez nous (à la maison) ? Bal pos tant soulomént un os de pressé : Il ne vaut pas même un os (noyau) de pêche.

    P 

A feit un pairoulat de milhas : Il a fait un plein chaudron de bouillie de maïs.

Tè! toco me la palho ! (défi) : Tiens! touche, si tu l'oses, à cette paille (qui est sur mon épaule).

Fasio ta negre qu'anabon à palpos : Il faisait si noir qu'on allait à tâtons.

Le poutou, acô 's de pano qu'es bou : Le baiser, c'est quand il est volé qu'il est bon !

Paro la sièto ou la ma : Tends (pare) ton assiette ou ta main.

Y pâri que tournara : Je parie qu'il reviendra.

Qu'y bos paria ? Que veux-tu parier ?

Ta pla mateich ! Quno parlèro ! Vrai ! (tout de même ! ) quelle démangeaison de parler !

Tout so que belgo, à part acô ! Tout ce qu'il voudra, sauf cela !

Ero la pasto des òmes : Il était la (pâte) des hommes.

Es un paubal (pl. paubals) : C'est un vaurien (pl. vauriens).

Sent le paucum, la misero : Cela sent le peu, la misère.

Quino pecugno ! Quino paurièro ! Quelle gêne ! Quelle pauvreté !

Paure de bous, quin calibâri ! Pauvre de vous, quel vacarme (charivari) !

Sietat al pè del foc : Assis au coin (pied) du feu.

Ac (ag) abiô pes pelses : Il l'avait (cette idée) dans la tête.

Me fariôs beni pêpi : Tu me ferais devenir radoteur (ramolli). 

A prou penos s'arribo le tren : A peine si le train arrive.

Abiô la petégo : Il était agacé (il ne tenait plus en place).

La fenno s'es perido le coutilhou : La femme s'est sali le jupon.

Bielh pibec ! Vieille pimbêche ! Mauvaise langue !

M'an panat uno pistolo : On m'a volé une pièce de vingt francs.

Es mort sense fè plêti : Il est mort sans une plainte.

Es el tout pounat : C'est lui tout craché ; il lui ressemble ; c'est tout son portrait.

Aném ! couito-te, è pus bite que'l pas ! Allons ! presse-toi (trotte sec !) plus vite que le pas ! 

Abion pos qu'un poustamat que les separabo : Ils n'étaient séparés que par une cloison en planches.

A l'ento del presic, le rittou... : A l'heure du prêche, le curé...

Toutis abion presso d'arriba : Tous étaient pressés (avaient hâte) d'arriver.

Nou pousquec y abasta se qu'à puntétos : Il ne put y atteindre qu'en se hissant sur la pointe des pieds.

    Q 

Quantis èrots pralamount ? Combien étiez-vous par là-haut ?

Es uno filho que digus y fariô peno : C'est une fille à qui personne ne ferait de la peine.

Quequejabo de pôu : Il bégayait de peur.

Auriôts pos quicoumet à me douna ? N'auriez-vous pas quelque petite chose (un rien) à me donner?

R

Oh ! tu rait (rai???) qu'es coussut ! Oh ! toi, tu n'es pas à plaindre ; tu es à ton aise ; tu es cossu.

Y fa rampèu en tout : Ils sont d'égale force, manche à manche (au jeu). Aquel goujat es ranc è tort : Ce garçon est boiteux et bossu.

Le mainatje est rauc de tant cargna : Cet enfant est enroué d'avoir tant criaillé.

Leguignabo à rebets d'elh : Il le guignait du coin de l'oeil.

Renegabo coumo un iretje : Il jurait et sacrait comme un hérétique.

Fasiô pos que repoutega : Il ne faisait que grogner (ronchonner).

Aura troubat calque roumiguèro : Il aura trouvé quelque ronce sur son passage (quelque crampon, un importun). Il se retarde.

Se tira uno rupo del bentre : bien manger, se gonfler le ventre par la nourriture et en faire disparaître les rides.

    S 

S'a feit mal à la queicho : Il s'est fait mal à la cuisse.

Es trop tard ; as pos salbi : C'est trop tard ; tu n'as pas de chance ; ce n'est pas la peine.

Quin salsum ! Quelle mauvaise sauce !

Es sanec ; a le nas bouchât : Il nasille ; il parle du nez ; il a le nez bouché.

Abiô l' sanglot : Il avait le hoquet.

Bielho sansôino ! Coutorbo ! Vieille négligente (sans soin) ! Mal fagottée !

Gnin sapiec pla mal : Il lui en sut mal (il en a été vexé).

Y anègues, saquelà ! Tu y es allé tout de même !

Abiô l'aire saumisourd : Il avait l'air hypocrite, sournois.

Se'l manjâo des elhs : Il le dévorait des yeux.

Es partit... noun se (1) ount : Il est parti... on ne sait où.

S'es pos segnat : Il n'a pas fait le signe de la croix.

Pa segnat ; aigo segnado : Pain bénit ; eau bénite.

Eron sensat en dol de la noro : Ils étaient sensément en deuil de leur bru.

Partie ambés gousses, è tourné sensé : Il partit avec les chiens et revint sans (eux).

Semblos un pelhegant : Tu as l'air d'un gueux (d'un pelé).

(1) Sè, correspondant au mot français sais, est une contration du languedocien sabi, qui devient sâï, dans le langage, de même que ai (j'ai) devient è dans la prononciation.

Ne ténes un famus sidèr : Tu tiens un fameux rhume de cerveau. As cujat toumba pel sol : Tu as failli tomber par terre (sur le sol).

S'èro macat la solo del pè : Il s'était meurtri (la sole) le dessous du pied. Espèsso de sourdagno ! Espèce de sourd ! (sourd comme un pot).

T

Es morto, es talado : Elle est morte (quel dommage ! ) elle est regrettable. — TALAS, en grec, signifie malheureux.

Me soum talhat ambel coutel : Je me suis coupé avec le couteau.

Abiô uno talent, que poudion pos l'afarta : Il avait tellement faim qu'on ne pouvait le rassassier.

A debrembat de tampa le pourtanel : Il a oublié de fermer la petite porte (le guichet).

Nous a bistis à tantis qu'èrom : Il nous a vus tous tant que nous étions.

Tè! Aici n'as un que te ba bouta le tap (1) à la flabuto ; Tiens ! Voici un gaillard qui va te couper le sifflet.

Yè ta pla ! taloment ! Eh oui ! certainement !

Qun tarrabâni, aquel orne ! Quel homme bruyant !

Tenio un plasé, que risiô tout soul ! Il prenait tant de plaisir qu'il riait tout seul.

Tè ! que tournos dejà ! Tiens ! (ah bah !) tu reviens déjà !

S'en a feit un tibat de patanos : Il s'est gorgé (rassasié) de pommes de terre.

Que tourrès ou que nebès : Qu'il gelât ou qu'il neigeât !

S'es trabado à la franjo dél debantal : Elle s'est entravée (elle a bronché) dans la frange de son tablier.

As fenit de trachamanteja ? As-tu fini de faire des embarras ?

Ero touto trempo, rajabo : Elle était toute trempée, elle ruisselait.

Se chapabo un pam de tripo negro : Il avalait (bâfrait) un empan de boudin.

Tropos benguèren praci : Elles vinrent trop nombreuses de ce côté-ci.

Digos ? Y bos fè al toy ? Dis donc ? Veux tu jouer au bouchon ?

S'es macat les tanots (les tôtous) : Il s'est meurtri les articulations des phalanges.

Quant as de téns ? Quel âge as-tu ?

S'en ba tens que tourne : Il est grand temps qu'il revienne.

Cf. l'expression triviale de l'argot. (Qui va t'en boucher un coin !)

Y trigabo pla prou de reguinna : Il lui tardait bien assez de folâtrer.

Garo à tu s'y tournos ! Gare à toi si tu y reviens !

Me tournaras un escut, bertat ? Tu me rendras un écu, n'est-ce pas ?

U

Les tirons èran a un donar : Les canards étaient à très bon marché, à vil prix (à un donner). Acò's tot un : Tout cela c'est la même chose (c'est tout un).

ERRATA

Page 282, ligne 10, lisez : c'est lui qui a employé, etc Page 389, ligne 8, lisez : aimam (amamus). Page 392, ligne 8, lisez : aimam (et non aiman), nous aimons.

Mes en grafia normalizada. Extrach del Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts, vol. 11 1907-1908. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56582927/f128.image.r=grammaire+.langFR